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DES FACULTÉS NATURELLES, II, iii-iv.

Il serait convenable que le sang fût si ténu et si vaporeux qu’étant attiré immédiatement dans toutes les parties du sperme sous forme de rosée, il ne conservât aucune trace de sa manière d’être. De cette manière le sperme le domptera facilement, se l’assimilera promptement et en fera sa nourriture. Ensuite il en attirera une seconde, une troisième quantité pour arriver par la nutrition à un poids, à une masse considérables. Aussi a-t-on encore imaginé la faculté altératrice qui n’est pas non plus citée par Érasistrate. Une troisième faculté apparaît, c’est la faculté configuratrice (plastique), en vertu de laquelle le sperme se revêt d’une membrane ténue comme une pellicule. C’est cette membrane qui, au rapport d’Hippocrate (De la nat. de l’enfant, § 3), se détacha de l’utérus d’une musicienne, au sixième jour de la conception ; elle avait l’aspect de la membrane d’un œuf. Ensuite se produisent toutes les circonstances décrites par Hippocrate dans son livre Sur la nature de l’enfant. Mais si chacune des parties demeurait aussi petite qu’elle était dans le principe, quel résultat se manifesterait ? Il faut donc que ces parties s’accroissent. Comment s’accroîtront-elles ? Elles se distendent en tous sens en même temps qu’elles se nourrissent. Rappelez-vous ce que j’ai dit précédemment (I, vii, p. 220) de la vessie que les enfants frottent en la gonflant et vous comprendrez mieux les remarques actuelles. Songez que le cœur est si petit dans le principe qu’il ne diffère en rien d’un grain de millet, ou si vous le voulez d’une fève, et cherchez comment il deviendrait aussi gros, si, tandis qu’il se distend en tous sens, il n’était nourri par une entière et exacte pénétration de l’aliment, comme nous démontrions tout à l’heure qu’était nourri le sperme. C’est un fait ignoré d’Érasistrate ; lui qui célèbre l’art de la nature, il pense que les animaux s’accroissent comme un tamis, une chaîne, une chausse, une corbeille qui grandissent par application à leur extrémité d’autres parties semblables à celles qui les ont constitués dès l’origine. Mais ceci n’est pas un accroissement, ô mortel habile, c’est une production. En effet le sac, le tamis, le vêtement, la maison, le bateau et tout autre objet continue à être produit tant qu’il n’a pas encore atteint la forme convenable en vue de laquelle il est créé par l’artiste. De quelle façon donc peuvent-ils s’accroître ? Lorsque la corbeille étant déjà achevée, c’est-à-dire lorsqu’elle a un fond, un orifice, un ventre pour ainsi dire, et les parties inter-