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DES SECTES AUX ÉTUDIANTS, iv.

corps ; supposons qu’il ait plus de turgescence qu’avant de tomber malade, qu’il soit plus rouge et que ses veines soient distendues et gonflées, il est de toute évidence que chez cet individu il y a surabondance d’un sang trop échauffé. Quel doit être le traitement ? N’est-ce pas évidemment une évacuation ? car l’évacuation est le contraire de la plénitude ; or les contraires se guérissent par les contraires. Comment donc évacuerons-nous et dans quelle proportion ? Il n’est pas possible de le déterminer en ne faisant attention qu’à la cause, il faut considérer aussi la force du malade, son âge, la saison, le pays et toutes les autres circonstances énumérées un peu plus haut. Si le sujet est plein de force et dans la vigueur de l’âge, si on est au printemps et dans un pays tempéré, on ne commettra point une faute en lui ouvrant la veine et en laissant couler le sang autant que la cause l’exige ; si, au contraire, le malade est faible, d’un âge très-tendre ou très-avancé, s’il habite une région glacée comme la Scythie ou brûlée comme l’Éthiopie, si on est au milieu des chaleurs de l’été ou des rigueurs de l’hiver, personne n’oserait lui pratiquer une saignée. Les dogmatiques veulent qu’on observe aussi les habitudes, le genre de vie et la nature du corps, car de l’observation de toutes ces circonstances découlent pour eux les indications thérapeutiques.


Chapitre iv. — Les moyens thérapeutiques employés par les empiriques et par les dogmatiques sont les mêmes, mais la méthode pour les trouver est différente. (Voy. Lieux affectés, III, iii.)



Ce qui pour les dogmatiques est une source d’indication pour le traitement n’est qu’une source d’observation pour les empiriques. La réunion des symptômes que j’ai énumérés plus haut chez un fébricitant, et que les empiriques ont la coutume d’appeler concours (συνδρομή), indique une évacuation pour un dogmatique, mais pour un empirique elle ne suggère que la réminiscence de l’observation. En effet, ayant observé souvent qu’une évacuation guérit dans de pareilles circonstances, il espère réussir dans le cas présent en employant le même traitement ; il sait aussi, pour l’avoir observé souvent, que les personnes à la fleur de l’âge supportent sans inconvénient une évacuation abondante, qu’on saigne plus largement au printemps qu’en