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Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/415

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DES THÉORÈMES EN MÉDECINE.

puisque tous les arts n’ont pas de résultats certains, quelques arts ont reçu l’épithète de conjectural ; ce sont, comme je l’ai dit, les arts dont les résultats sont douteux. Comme j’ai avancé que l’utilité d’un art se jugeait d’après son rapport avec le but, il est nécessaire d’indiquer le but de l’art, afin que, ce but étant manifeste, nous sachions également avec évidence à quoi il faut se référer pour juger de l’utilité des théorèmes.


Chapitre v. — Des différentes espèces d’arts d’après la fin qu’ils se proposent.


Parmi les arts, les uns produisent ce qui n’existe pas, par exemple l’art de construire un vaisseau ; les autres conservent ce qui est produit, comme l’art de gouverner un vaisseau ; d’autres font l’un et l’autre, par exemple l’architecture. Dans les arts qui produisent, ou dans ceux qui apprennent à conserver, il n’y a qu’une manière d’atteindre le but ; par conséquent le discernement de ce qui est utile est simple ; mais dans les arts qui produisent et qui conservent, ce n’est pas chose aussi facile ; car il ne faut pas regarder comme inutile ce qui ne tend pas à la conservation ; ou doit au contraire s’attacher à savoir si cela contribue en quelque chose à la production de ce qui n’existait pas auparavant. Or la médecine est un art qui apprend à produire et à conserver, mais il ne faudrait pas en conclure que la fin de cet art est double : produire ce qui n’existait pas, c’est-à-dire la santé, et la conserver quand elle existe. Quelques personnes disent en effet : si la médecine produit et conserve la santé par les mêmes théorèmes, elle aura une double fin. Si donc, ce n’étaient pas les mêmes théorèmes qui conduisent à deux fins, les fins étant différentes, les arts eux-mêmes seraient différents, et il y aurait deux médecines ; mais puisque les théorèmes sont les mêmes et que les buts sont différents, un même art aurait donc deux buts ! Car personne n’ignore que le but de l’art est un, c’est-à-dire la santé, et que la fin de l’art est également une, c’est-à-dire obtenir la santé, mais que les moyens d’y arriver sont différents[1] ; par conséquent, ni le

  1. L’unité de l’art se tire de l’unité du but ; Or, la santé conservée ou recouvrée est le but de la médecine, comme la maison à restaurer ou à construire est le but de l’architecture.