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Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/43

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DU COU ET DU RESTE DE L’ÉPINE.

moindre changement, soit en retranchant quelque chose par la pensée, soit en supposant quelque addition étrangère, vous verrez aussitôt ou la fonction s’altérer ou la partie devenir faible. Mais je dois commencer l’explication par la partie la plus importante de toutes les parties de l’épine, par celle que nous nommons moelle épinière.

On ne saurait prétendre, en effet, que la moelle ne devrait pas exister, ni qu’il serait préférable qu’elle fût placée ailleurs que dans l’épine, ni qu’étant placée dans l’épine elle fût plus à l’abri des lésions qu’elle ne l’est actuellement ; car si la moelle n’existait absolument pas, il en résulterait de deux choses l’une : ou toutes les parties de l’animal placées au-dessous de la tête seraient complétement privées de mouvement, ou bien il faudrait absolument que de l’encéphale un nerf descendît à chacune d’elles en particulier[1]. Mais, si elles eussent été dénuées de mouvement, on verrait se réaliser ce que nous disions tout à l’heure (chap. x, p. 29, l. 14) ; l’animal ne serait plus un animal, ce serait, pour ainsi dire, une œuvre de pierre ou de boue. D’un autre côté, amener de l’encéphale à chacune des parties un nerf excessivement grêle, serait le fait d’un créateur peu soucieux de leur sécurité. Il y aurait danger à faire venir de loin, je ne dis pas un nerf mince, susceptible d’être rompu et brisé, mais même tout autre organe volumineux, ligament, artère ou veine. Il en est de ces organes comme de la moelle : du principe qui est propre à chacun, il naît comme un grand tronc qui s’échappe de la terre[2] ; à mesure qu’il avance et s’approche des divers membres, ce tronc engendre des ramifications qui desservent toutes les parties et qui dérivent du principe même; aussi était-il préférable que la moelle sortant du cerveau,

  1. « Cum nervus nihil aliud sit, quam cerebrum exporrectum, seu explantatum, non esset autem tanta in cerebri latitudine capacitas, quæ exporrigendis omnibus nervis sufficiat, fecit sibi natura quasi alterum cerebrum, et id quidem late expansum, ut ex illo denique facere tot explantationes, quot necessariæ erant. In cerebro opus erat multa carne, spiritibus contemperandis perquam oportuna : non potuit ideo contrahi ibi in eam angustiam, quæ nervo satis est. (!) » Hoffm., l. l., p. 284.
  2. Dans le texte ordinaire, on lit : Ἐκφυόμενον μέγα καθάπερ τι πρέμνον ἕκτισε τᾢ προιέναι. B porte : Ἐκφ. μέγα καθ. τι πρέμνον ἐκ τῆς γῆς. ἐν τᾢ πρ. Cette leçon, que j’ai adoptée, rend la phrase parfaitement régulière.