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DE LA MEILLEURE SECTE, À THRASYBULE, xiii.

diffèrent suivant la cause et les lieux affectés, suivant l’âge, les habitudes, l’intensité des symptômes, la nature des individus, les saisons et les localités ; or, il est impossible de rencontrer deux hommes qui se ressemblent sous tous ces rapports ; voilà pourquoi l’observation du traitement sur le concours de symptômes est impossible. Et lors même qu’on trouverait deux malades qui n’offrent aucune différence, l’observation serait encore impossible, puisqu’elle doit se faire sur plusieurs.

Mais, disent les empiriques, comment démontrez-vous votre propre doctrine ? Il leur semble, en effet, qu’il nous est impossible de faire porter notre observation aussi bien sur les symptômes que sur les forces, car c’est par l’observation qu’on a appris la faculté purgative de l’hellébore et le traitement de ceux qui sont blessés par les animaux venimeux ; de même, dans l’agacement des dents, on ne sait pas la cause, mais on a observé que le pourpier le guérissait. Il faut leur répondre que nous déterminons l’utilité des symptômes par leur relation avec le but, et que nous jugeons de l’utilité [d’un traitement] par l’usage. Recueillant donc tous les symptômes et ceux qui sont produits par les causes, comme la pesanteur, et ceux qui dépendent des lieux, comme la dyspnée, et ceux qui dépendent de l’état des forces, comme la lipothymie, nous trouvons que tous ceux-là sont utiles et que les autres sont inutiles. Puis donc que nous avons déterminé les symptômes utiles par leur relation avec le but, nous regardons tous ceux qui dépendent de la cause, des lieux affectés, ou des forces comme utiles, et ceux qui n’en dépendent pas, comme inutiles.

Lors même que nous ne saisirions ni les causes productives de la maladie, ni les lieux affectés par la faculté que nous avons, comme je l’ai dit, de distinguer les symptômes utiles des inutiles, et lors même que nous ne pourrions pas faire porter notre observation sur ce qui cause la maladie, comme sur les causes et les lieux affectés, nous avons d’autres ressources ; par exemple si, dans le cas où le sang gêne, nous ne voyons pas que c’est le sang qui produit la maladie, prenant notre point de départ dans la pesanteur qui se révèle comme symptôme, nous constatons que la cause de la gêne est la pesanteur, et nous pouvons ainsi établir notre observation d’après les symptômes. De