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RÉFUTATION DES EMPIRIQUES.

toute sa vie, et qu’on puisse un jour appliquer l’art soi-même. L’histoire se rapporte soit aux choses présentes, comme :

Ils tuent les hommes, le feu dévore les villes (Iliad., ix, 593) ;

soit aux choses passées :

Les Curètes se battaient ; les Étoliens qui combattaient de pied ferme, (Ib., 529),

mais jamais aux choses futures, car

Il viendra un jour où la sainte Ilion périra (Ib., iv, 164),

n’est pas de l’histoire ; c’est plutôt de la prédiction. Les empiriques se servent le plus souvent de l’histoire qui se rapporte au passé, car ils disent qu’elle est la narration des choses qui ont été observées souvent de la même manière. On leur objectera que si tout ce que raconte l’histoire était vrai on aurait raison de l’accepter pour juge ; mais comme il n’en est pas ainsi, il faut trouver un criterium de l’histoire par lequel nous distinguerons la vérité du mensonge ; car, non-seulement les médecins n’ont pas les mêmes opinions sur les mêmes choses, mais ils professent encore des opinions contraires ; les uns, en effet, traitent les fébricitants par la diète, et ne donnent pas même de l’eau ; d’autres prescrivent de la ptisane depuis le commencement, d’autres prennent le plus grand soin que le malade n’avale pas d’orge. Petronas donnait de la viande de porc rôtie et du vin noir (foncé) peu trempé ; il faisait vomir, et donnait de l’eau froide à boire autant qu’on voulait. Apollonius et Dexippe, auditeurs d’Hippocrate, proscrivaient non-seulement le vin, mais encore l’eau ; ils faisaient de petites coupes en cire, dont douze étaient contenues dans la sixième partie d’un cotyle (demi-centilitre), et donnaient deux ou trois de ces petites coupes à boire au malade. Puisqu’il y a tant de contradictions, comment se passer d’un criterium de l’histoire ?

Ayant donc contraint les empiriques de convenir qu’il ne fallait pas accepter l’histoire sans la juger, car nous montrerons que de cette manière elle est inutile, nous leur demanderons s’ils jugent l’histoire par le raisonnement ou par l’expérience. Mais ils ne peuvent pas le faire par le raisonnement, puisqu’ils le rejettent ici et dans tout autre cas où il s’agit de comprendre et de juger toutes choses de ce genre-là. Or, ils disent que le traitement convenable est compris par l’expérience, il faut par