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Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/46

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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, XII, xi-xii.

des autres éprouvent une torsion, le cas est moins grave , mais il est mortel si une vertèbre s’écarte seule de l’arrangement symé-

    d’Hippocrate sur la luxation des vertèbres est si intéressante, les aperçus sur le diagnostic différentiel sont si curieux et si exacts, que je veux mettre sous les yeux du lecteur une partie de cette discussion. J’emprunte la traduction de M. Littré. « § 46. Dans les cas où le rachis subit une incurvation quelconque, il n’est pas commun, il est même rare, qu’une ou plusieurs vertèbres, arrachées de leurs articulations, éprouvent un déplacement considérable. De pareilles lésions ne se produisent pas facilement ; en effet, d’une part, la vertèbre ne sera guère chassée en arrière, à moins que le blessé n’ait reçu un coup violent à travers le ventre (et alors il mourra), ou à moins que, dans une chute d’un lieu élevé, le choc n’ait porté sur les ischions ou sur les épaules (et alors il mourra encore, mais il ne mourra pas aussi promptement) ; d’autre part, la vertèbre ne sera guère chassée en avant, à moins de la chute d’un corps très-pesant, car chacun des os proéminents en arrière (apophyses épineuses) est tel, qu’il se fracturera plutôt que de se déplacer beaucoup vers la partie antérieure, en surmontant la résistance des ligaments et des articulations engrenées. De plus, la moelle épinière souffrirait, ayant subi une inflexion à brusque courbure, par l’effet d’un tel déplacement de la vertèbre ; la vertèbre sortie comprimerait la moelle, si même elle ne la rompait ; la moelle comprimée et étranglée, produirait la stupeur de beaucoup de parties grandes et imposantes, de sorte que le médecin n’aurait pas à s’occuper de réduire la vertèbre, en présence de tant d’autres lésions considérables. Évidemment, dans ce cas, la réduction n’est possible, ni par la succussion, ni par tout autre moyen ; il ne resterait qu’à ouvrir le corps du blessé, enfoncer la main dans le ventre et repousser la vertèbre d’avant en arrière : mais cela se peut sur un mort et ne se peut pas sur un vivant. Quelle est donc la raison qui me fait écrire ceci ? C’est que quelques-uns croient avoir eu affaire à des blessés chez qui des vertèbres, sortant complétement hors de leurs articulations, s’étaient luxées en avant ; et même, certains s’imaginent que, de toutes les distorsions du rachis, c’est celle dont on réchappe le plus facilement, qu’il n’est aucunement besoin de réduction, et que cet accident se réduit de lui-même. Beaucoup sont ignorants, et leur ignorance leur profite, car ils en font accroire aux autres ; ce qui les trompe, c’est qu’ils prennent des apophyses épineuses pour les vertèbres mêmes, parce que chacune de ces apophyses, au toucher, paraît arrondie. Ils ignorent que les os qu’ils touchent sont ces apophyses des vertèbres dont il a été parlé un peu auparavant (p. 191) ; les vertèbres elles-mêmes sont situées beaucoup plus en avant, car, de tous les animaux, l’homme est celui qui, pour sa taille, a le ventre le plus aplati, d’avant en arrière, et surtout la poitrine. Quand donc quelqu’une de ces apophyses épineuses, soit une, soit plusieurs, éprouve une fracture considérable, l’endroit lésé se déprime au-dessous du niveau du reste ; c’est ce qui les trompe et leur persuade que les vertèbres se sont enfoncées en avant. Les attitudes du blessé contribuent encore à leur faire illusion ; s’il cherche à se courber en avant, il éprouve de la douleur, parce que la peau se