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DU COU ET DU RESTE DE L’ÉPINE.

trique général[1]. » Cette remarque, dis-je, n’est certes pas également connue de tous, et c’est précisément celle-là même dont nous avons le plus besoin pour l’objet que nous nous proposons actuellement. Ainsi donc Hippocrate lui-même (Articul., § 47, p. 202), voulant nous renseigner sur la cause de l’accident, professe que si plusieurs vertèbres sont déviées à la fois, chacune n’ayant subi qu’un léger déplacement, alors la torsion de la moelle s’opère suivant une courbe et non angulairement ; mais si, ajoute-t-il (§ 46, p. 196), une vertèbre s’écarte isolément des vertèbres voisines,

    tend là où est la lésion, et que, dans cette position, les fragments de l’os blessent davantage les chairs ; au contraire, s’il se tient dans une attitude cambrée, il est plus à l’aise, parce que la peau devient plus lâche à l’endroit de la lésion, et parce que les fragments osseux lui font moins de mal ; de plus, si on y porte la main, il cède et se cambre, et l’endroit lésé semble, au toucher, vide ou mou. Toutes ces circonstances contribuent à induire les médecins en erreur : quant aux blessés, ils guérissent d’eux-mêmes promptement et sans accident, car le cal se forme rapidement dans tous les os qui sont spongieux. — § 47. Le rachis s’incurve, même chez les gens bien portants, de beaucoup de façons ; ainsi le comportent la conformation et les usages du rachis ; il est encore susceptible de s’incurver par la vieillesse et par les douleurs. Les gibbosités par suite de chutes, se produisent généralement quand le choc a porté sur les ischions ou sur les épaules. Nécessairement, dans la gibbosité une des vertèbres paraîtra plus élevée, tandis que les vertèbres au-dessus et au-dessous le paraîtront moins ; ce n’est pas qu’une vertèbre se soit beaucoup déplacée, mais c’est que, chacune ayant cédé un peu, la somme du déplacement est considérable. Pour cette raison, la moelle épinière supporte sans peine ces sortes de distorsions, dans lesquelles les vertèbres ont subi un déplacement réparti sur la courbure, mais non angulaire. — § 48. Lorsqu’en tombant, ou par l’effet de la chute d’un corps pesant, on éprouve une déviation du rachis en avant, généralement aucune vertèbre ne se déplace beaucoup (un grand déplacement d’une ou de plusieurs cause la mort) ; mais, dans ce cas aussi, le déplacement est réparti sur la courbure, et non angulaire. Chez ces blessés, l’urine et les selles se suppriment plus souvent, les pieds et les membres inférieurs en entier sont plus refroidis, et la mort est plus fréquente que chez ceux qui ont une déviation en arrière ; et s’ils réchappent, ils sont plus exposés à l’incontinence d’urine et ont les membres inférieurs plus frappés d’impuissance et de stupeur. Dans le cas où le siège de la déviation en avant approche davantage des parties supérieures, l’impuissance et la stupeur occupent tout le corps… »

  1. Le texte vulg. porte : Ὓπάρχει δεινόν, mais après avoir lu les passages précités d’Hippocrate, il est évident qu’il faut lire avec B ἧττον ὑπάρχει δεινόν. Ce manuscrit porte aussi οὔτε δὴ γινώσκεται, au lieu de οὔτε γινώσκ. des textes imprimés. Du reste pour une partie de ce chapitre j’ai suivi les leçons du manuscrit de préférence à celles des éditions.