la moelle souffrira, ayant subi une inflexion à courbe très-limitée ; et la vertèbre déplacée la comprimerait si même elle ne la rompait. » Si donc l’état des choses est tel, si la moelle ne peut éprouver une flexion considérable et brusque, il n’était pas possible que l’épine fût mise sans danger en mouvement par des articulations à la fois grandes, lâches et ayant un écartement considérable ; mais il était mieux que le tout se composât d’os nombreux et petits, chacun d’eux n’ayant qu’une action bornée. De cette façon, en effet, la flexion ayant lieu non pas angulairement, mais avec une courbe à grand diamètre, la moelle échappe au danger d’être comprimée, écrasée, rompue.
Nous avons démontré clairement qu’il était mieux que l’épine se composât d’os nombreux ayant des mouvements petits, et c’est là, disions-nous (cf. p. 33) le chef que nous avons le plus besoin d’établir actuellement. Mais ajournons la démonstration des deux autres chefs, car j’ai hâte d’arriver à l’exposition des muscles de l’épine, exposition qui nécessitait tous ces raisonnements utiles en eux-mêmes et servant de plus à expliquer la structure de ces muscles. En effet, s’il a été démontré que les vertèbres de l’épine devaient être nombreuses, il est raisonnable que chacune d’elles ait un mouvement propre. Mais si deux muscles (m. spinaux postér.) prolongés de la tête jusqu’à l’os large (sacrum) avaient de longues fibres étendues dans la longueur, il ne serait pas possible que chacune des vertèbres eût un mouvement propre, car toutes seraient tirées également (Cf chap. x, p. 28, l. 17 et XIII, ii). Dans la réalité, comme il existe des fibres obliques à chacune des vertèbres, il est possible qu’une partie de l’épine, tantôt celle-ci, tantôt celle-là, se fléchisse obliquement, s’abaisse et se relève. Dans notre faculté de la mouvoir partiellement réside aussi [secondairement] celle de la mouvoir tout entière, ou de mettre en jeu toutes les fibres à la fois ; mais de la structure qui permettrait [primitivement] le mouvement de l’épine tout entière, ne résulterait pas la faculté de la mouvoir partiellement. En effet, par la tension des fibres musculaires suivant la longueur de l’épine, nous n’aurions pas de peine à la mouvoir tout entière, mais nous ne pourrions mouvoir en particulier chacune des vertèbres. La structure capable d’effectuer les deux mouvements était donc préférable à celle qui n’en pouvait effectuer qu’un seul. Si deux