Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/492

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
480
DES LIEUX AFFECTÉS, I, ii.

contenue dans l’estomac. Cette idée que la partie est affectée dans le cas seulement où la diathèse de sa substance devient persistante, appartient aux gens qui veulent définir autrement que ne le comporte l’usage habituel, la signification des termes grecs.

Cependant, quand on ressent une douleur aiguë de l’intestin, la douleur étant fixée dans une partie et comme térébrante, comment oserait-on dire que l’intestin n’est nullement affecté ou que l’affection n’y réside pas ? Parfois, néanmoins, en un instant disparaissent ces douleurs par suite de l’évacuation d’une certaine humeur vitreuse. Certes, on ne peut supposer au mal d’autre cause que l’humeur évacuée. En effet, quand la douleur cesse immédiatement après l’évacuation de l’humeur, toute personne qui veut expliquer la cause de pareils phénomènes, est convaincue, par suite d’une certaine opinion conforme à la physique, et qui emporte de soi-même la conviction, que cette humeur est la cause de la douleur. En effet, telle ou telle affection naissant au contact d’une chose et cessant aussitôt après sa disparition, tous les hommes sont convaincus que cette chose est la cause de l’affection. C’est ainsi que nous sommes persuadés que le feu est la cause qui nous a brûlés, l’épée la cause qui nous a coupés ; de même pour chacune des autres causes. Nous devons donc penser que l’humeur évacuée a été cause de l’affection survenue, lorsqu’elle était renfermée dans la partie. A-t-elle incommodé le lieu, soit par une impression de froid excessif ou de chaleur, soit par une dyscrasie générale, soit en traversant les corps continus, où elle excite violemment la sécrétion, soit en produisant un vent flatulent capable de distendre la partie qui le renferme, soit en s’insinuant fortement comme un coin, soit en rongeant ou en mordant, cela ne ressort pas encore du soulagement que procure son évacuation ; nous ne savons qu’une chose, c’est qu’elle incommodait la partie où elle était renfermée. Non seulement donc il faut tenir une semblable humeur pour la cause de la douleur, mais encore il faut regarder la partie où elle était renfermée comme affectée dans le temps où elle souffrait de la présence de cette humeur.

C’est ainsi que nous disions encore que nous sommes affectés par la rencontre de quelques corps étrangers, soit qu’ils échauffent comme le feu, qu’ils refroidissent comme la neige, ou qu’ils fas-