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DES LIEUX AFFECTÉS, I, iii-iv.

thique de l’estomac, et qu’elle est malade quand elle éprouve une affection idiopathique. On dirait encore que l’estomac lui-même est affecté quand il est incommodé par des humeurs pernicieuses, et qu’il est malade quand par dyscrasie propre, inflammation, ulcère, ou abcès, il se trouve dans un état contre nature. Que si l’on veut mettre encore plus de recherche et de dialectique dans l’emploi des mots, on dira tantôt que l’action de la coction est lésée en même temps que les aliments sont corrompus, et que, tantôt celle-là demeure intacte tandis que ceux-ci sont corrompus.

Il existe trois différences principales et comme fondamentales de l’altération des aliments, provenant, l’une des maladies propres à l’estomac, l’autre des humeurs pernicieuses qui s’y trouvent accumulées, et la troisième de la qualité des aliments[1]. Donc les aliments qui ont naturellement quelque chose de nidoreux, d’acide, de fétide ou une propension générale à se corrompre, et ceux qui sont amenés par leur mode de préparation à une disposition semblable, doivent évidemment se corrompre dans l’estomac, et pour cette raison l’on pourrait dire d’eux qu’ils sont incuits. Mais il naît un débat touchant l’affection causée dans cette circonstance par les aliments à la faculté coctrice (digestive) : quelques-uns disent que dans de mauvaises coctions semblables, cette action n’est nullement affectée, d’autres qu’elle est affectée. Il existe encore une troisième opinion où l’on prétend que de semblables aliments ne sont pas incuits, mais seulement qu’ils ne sont pas cuits, comme s’il ne revenait pas au même d’énoncer quelque chose au moyen d’une négation ou de la voix dite privative par les dialecticiens. Érasistrate, je crois, avait la même idée, quand il disait à propos des pépins du raisin, du sésame et de toutes les substances qui sortent du corps sans avoir subi aucune putréfaction ni transformation, qu’elles n’indiquent aucune incoction survenue dans l’animal, mais seulement qu’elles n’ont pas été cuites.

  1. Toutes ces questions seront traitées dans les Dissertations sur la pathologie générale, et sur l’hygiène.