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Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/548

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DES LIEUX AFFECTÉS, II, x.

je l’ai souvent démontré : car la connaissance seule des méthodes, sans une pratique habituelle et variée de ces méthodes, ne saurait former des disciples accomplis. Reprenons donc de plus haut la méthode, et passons ensuite à l’application. Il faut examiner, avant tout, quelle fonction est lésée : car la lésion d’une fonction entraîne forcément l’affection de l’organe respectif. Après avoir constaté la lésion de la fonction, passez à la nature de cette lésion, et voyez à quelle affection elle correspond. Examinez ensuite la partie affectée ; voyez si elle accuse une tumeur ou de la douleur : cet examen doit être sérieux ; il ne faut négliger aucune des variétés des phénomènes de cette espèce ; car vous avez appris à reconnaître plusieurs espèces, non-seulement de tumeurs, mais aussi de douleurs. Considérez après cela les matières excrémentitielles de la partie affectée ; voyez par quelle voie elles sont évacuées, et s’il ne sort point des portions de la substance de la partie affectée. On s’assure ensuite si les matières excrémentitielles sont tout à fait crues ou si elles ne sont que médiocrement cuites. Il faut considérer ensuite ce qui en résulte, d’un côté, pour tout l’organisme, d’un autre côté, spécialement pour quelques parties ; dans celles-ci par rapport à la fonction, dans celles-là par rapport à la couleur ou à la forme. Supposons qu’un individu, pendant le temps de la respiration, souffre vers la région des fausses côtes, ne vous hâtez pas d’en conclure qu’il est pleurétique, mais voyez auparavant s’il expectore avec toux. Si vous voyez des crachats colorés, vous pouvez affirmer, d’après ce que nous avons dit (p. 534), qu’il est pleurétique ; s’il n’expectore rien avec la toux, il se peut encore qu’il soit pleurétique, mais l’inflammation est alors à l’état cru et accompagnée d’un tel resserrement qu’elle ne laisse rien échapper au dehors. Il se peut aussi qu’une inflammation du foie soit la cause de la douleur dans la partie en question. Les liens suspenseurs qui attachent le foie aux côtes étant, chez quelques individus, distendus à l’intérieur, il arrive que la douleur est transmise à la plèvre[1]. Mais le pouls est bien différent dans l’inflammation du foie et dans celle de la membrane qui tapisse les côtes ; les matières rendues par le ventre ne sont pas non plus semblables. Il est vrai de dire qu’on ne les observe pas toujours dans les

  1. Voy. Utilité des parties, IV, xiv.