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Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/550

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DES LIEUX AFFECTÉS, II, x.

exemple dans le léthargus et dans la phrénítis. Certes, cette partie souffre de tous côtés quand une des fonctions qui lui sont propres est lésée. J’appelle fonctions propres celles que l’encéphale n’exécute par aucune autre partie, comme s’il agissait à l’aide d’un instrument. On peut, en effet, supposer avec vérité que cette partie voit et entend, mais qu’elle voit par les yeux et entend par les oreilles, et qu’au contraire pour penser, se souvenir, raisonner, choisir, elle ne se sert ni des yeux, ni des oreilles, ni de la langue, ni d’un autre organe quelconque. Si cette partie de l’âme est dans le corps qui l’environne, comme nous sommes dans une maison, nous supposerions peut-être d’abord qu’elle ne saurait être lésée par le lieu [qu’elle habite] ; mais, puisque nous la voyons lésée, nous devons chercher à savoir comment se produit la lésion ; si elle est comme une forme du corps, inséparable de lui, nous accorderons qu’elle peut être lésée par les altérations qui attaquent le corps. Les philosophes ne s’accordent point là-dessus : les uns prétendent que cette partie de l’âme est enfermée comme dans une demeure ; les autres veulent qu’elle soit une forme (εἶδος), de sorte qu’il est difficile de découvrir comment elle est lésée ; mais qu’elle soit lésée, l’expérience nous l’apprend. Lorsqu’on applique le trépan dans les fractures des os du crâne, une compression un peu forte supprime immédiatement la sensibilité et le mouvement ; s’il survient une inflammation, comme cela arrive quelquefois, on observe une altération de l’intelligence. Après des cautérisations très-fortes sur la tête, un assez grand nombre de personnes ont été prises de délire ; souvent les coups violents sur la même partie ont été immédiatement suivis de carus. Beaucoup d’autres accidents de cette espèce, survenant à la tête, semblent évidemment léser l’intelligence : cela est si vrai, que le vulgaire même, lorsqu’il voit un individu dans le délire, ou avec une altération quelconque de l’intelligence, croit qu’il faut avant tout se préoccuper de la tête. Il est incontestable, en effet, que le principe de la sensibilité et du mouvement volontaire a pour siége l’encéphale, que protégent les méninges, ainsi que nous l’avons démontré ailleurs.

Voyons actuellement comment on peut distinguer les affections primitives de cette partie, des affections produites par sympathie. Cette question fait partie de notre sujet : elle est d’une utilité