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DES LIEUX AFFECTÉS, II, x.

est un symptôme de la fonction [lésée] du siége de la pensée[1] ; le coma et le carus le sont aussi : mais ces symptômes viennent d’une cause opposée. Les insomnies et le délire ont pour cause le chaud ; tandis que le coma, le carus et toutes les affections de ce genre, sont le résultat d’un principe froid. C’est une vérité que l’on peut constater par l’effet des remèdes : d’abord tous ceux qui sont froids produisent le coma et le carus ; les médicaments chauds, au contraire, produisent l’insomnie et l’agitation. Est-il besoin de rappeler l’effet des remèdes actifs, lorsqu’on voit tous les jours les laitues, les bains d’eaux chaudes potables[2] et le vin pris avec une quantité modérée d’eau, produire le sommeil, ainsi que toutes les autres substances qui sont de nature humide et froide ? Ne savons-nous pas que les agents de nature opposée produisent l’insomnie ? Un régime léger et le vin pur écartent le sommeil de la même manière, surtout lorsque le vin pur est chaud de sa nature ou passablement vieux, comme dans le cas arrivé à Pergame, ma patrie, et que je suis bien aise de raconter : le sujet de l’observation est le jeune esclave d’un grammairien ; le grammairien, qui allait au bain tous les jours, amenait avec lui un autre esclave, et laissait le premier enfermé pour garder la maison et pour préparer le souper. L’enfant, tourmenté un jour par la soif et n’ayant point d’eau, but largement du vin vieux. À partir de ce moment, il ne dormit plus ; bientôt après la fièvre le saisit, et l’insomnie ayant amené le délire, il mourut. — Les animaux de nature froide restent pendant l’hiver engourdis par le froid dans leurs trous comme s’ils étaient morts. C’est ainsi que l’on peut prendre durant cette saison les vipères dans les mains et les y porter sans en être mordu ; tandis que, pendant l’été, ce reptile, ainsi que tous les autres serpents, surtout pendant les ardeurs de la canicule, lorsqu’ils ressentent les fortes chaleurs, semblent furieux et ne sauraient rester un moment en repos. Nicandre (Thériaque, v. 474-5), qui avait observé le fait, a écrit du cenchridès (espèce de serpent) : « Quel que soit votre courage, évitez de rencontrer le cenchridès

  1. Ici j’ai suivi le manuscrit qui a φρονοῦντα au lieu de παραφρονοῦντα.
  2. Ici Galien désigne avec intention les eaux potables et non les eaux minérales, attendu que ces dernières passent pour dessécher. — Voy. Thérapeutique à Glaucon, I, x.