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DES LIEUX AFFECTÉS, III, i-iii.
LIVRE TROISIÈME.


Chapitre premier. — Que les anciens médecins, à l’exception d’Archigène, se sont peu occupés des lieux affectés. — Distinction des diathèses primitives d’avec les diathèses secondares ou sympathiques. — Réalité de ces dernières diathèses.


Peu de médecins ont traité des lieux affectés ; en effet, ils nomment lieux (τόποι) les parties du corps. À cet égard, ils ont omis, sans y toucher, plus de questions qu’ils n’en ont traité. Laissant donc de côté les autres médecins, j’ai cité le seul Archigène, loué justement par-dessus tous les autres. Mais quand il prétend que certaines fonctions sont lésées sans affection de la partie du corps dans laquelle elles se produisent, cette assertion, ai-je dit, demande une distinction. En effet, on peut dire avec raison : si la partie lésée par sympathie avec une autre n’a pas encore une diathèse permanente, néanmoins, suivant l’expression même d’Archigène, il existe en elle comme une ombre de cette affection permanente. Par exemple, si, nous étant approchés du feu, nous avons failli être brûlés, sans pourtant l’avoir été, nous éprouvons une vive douleur, et certes on ne peut dire que la partie échauffée ne soit nullement affectée. De même encore le froid violent de l’air ambiant, ou une pluie excessivement froide, ou la neige en tombant cause une vive douleur. Mais si vous enlevez la cause de l’incommodité, avec elle disparaît à l’instant l’affection. Il paraissait donc préférable de dire, comme 1’indique le terme même, que la partie affectée sympathiquement est affectée d’une certaine manière ; car nous entendons par partie sympathiquement affectée non pas une partie qui n’est nullement affectée, mais une partie qui est affectée avec une autre. Ainsi, lorsque dans les diathèses de l’orifice de l’estomac il se produit aux yeux des symptômes semblables à ceux des suffusions, on doit dire que les yeux sont affectés, une certaine vapeur fuligineuse remontant des humeurs contenues dans l’estomac vers la tête ; on n’est cependant pas fondé à dire que les yeux ont dès lors une diathèse telle que, la substance incommode disparaissant, ils exigent des soins spéciaux. J’ai dit que de pareilles discussions sont plutôt du ressort de la dialectique. En effet sont véritablement dialectiques tous