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Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/556

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DES LIEUX AFFECTÉS, III, iii.

croire plutôt pour les organes de la voix et pour les doigts que pour les yeux, qu’ils n’étaient nullement affectés. Pour ces derniers, en effet, l’affection même vient de ce qu’ils se remplissent d’une vapeur fuligineuse. Pour les organes vocaux et pour les doigts, ce n’est pas parce qu’il y arrive quelque chose contre nature, mais parce qu’il n’y vient pas quelque chose qui naturellement devrait y arriver, qu’une certaine fonction est lésée. Ainsi la faculté sensitive ne découle plus dans les doigts, l’origine du nerf étant lésée à sa sortie de la moelle ; le larynx, par suite de la paralysie des nerfs intercostaux, ne reçoit plus le pneuma exhalé. Ainsi, pour ces organes, il est permis de dire que l’affection même résulte de ce qu’il ne vient plus aux parties ce qui auparavant y arrivait, lorsqu’elles étaient dans leur condition naturelle. Il ne serait pas déraisonnable, en effet, de regarder comme une affection des fontaines le manque d’eau qui n’y arrive plus ; comme une affection des céréales sorties de terre un desséchement excessif, comme une affection des animaux le défaut de nourriture ou de boisson. En effet, ce qui manque à chaque être pour son entretien naturel peut être justement considéré comme une affection de cet être. Mais, ainsi que je le disais (voy. p. 471b et 474), ces questions sont de l’ordre des questions dialectiques.

Les considérations nécessaires dans les lésions ou abolitions de fonctions sont négligées par la plupart des médecins. Ces fonctions étant au nombre de deux ou trois, tantôt il arrive qu’une seule partie étant affectée, les autres, affectées sympathiquement, sont lésées dans leurs fonctions, et tantôt que toutes les parties sont affectées également. Il arrive aussi parfois que les unes ont une diathèse on peut dire habituelle, et les autres une diathèse qu’on peut nommer passagère. Nous avons déjà étudié cette question dans le second livre de notre traité Sur la dissection des animaux vivants (ouvrage perdu) ; nous l’avons étudiée aussi dans le livre précédent (chap. x), et nous la traiterons encore, la suite de notre discours exigeant de semblables distinctions. Mais je vais parler d’un sujet qu’il n’est pas moins utile d’expliquer d’avance en cet endroit, relativement à ceux qui, en théorie, s’efforcent de démontrer que la recherche des lieux affectés est nécessaire aux médecins, et qui, en fait, l’abolissent, et je l’expose immédiatement en prenant pour exemple une affection particulière.