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DES LIEUX AFFECTÉS, V, ii-iii.

truit, leurs fonctions sont nécessairement détruites, et par conséquent aussi celles de l’encéphale et du foie ; mais l’abolition des fonctions de ces organes n’entraîne pas celle du cœur. En effet, quand même l’animal ne conserverait plus les fonctions de la sensibilité et de la volonté, quand même il ne se nourrirait plus, à l’exemple des animaux qui se tapissent, on peut le croire capable de vivre tant que le cœur n’est pas affecté. Souvent même nous voyons un homme privé d’intelligence, de sentiment et de mouvement vivre néanmoins plusieurs jours de suite ; de même que l’homme insuffisamment nourri par l’affaiblissement de la faculté du foie, continue à vivre longtemps. Mais si le cœur est privé de la respiration, on meurt à l’instant.

Ceux donc qui croient que le thorax ne contribue aucunement à la fonction de la respiration, ne peuvent découvrir la cause pour laquelle, dans les fortes apoplexies, les patients meurent immédiatement par la seule lésion du principe supérieur. Pour vous, vous ne serez pas embarrassés, étant fermement convaincus que le thorax est dilaté par des muscles tenant le principe de leur mouvement des nerfs qui leur viennent de la moelle cervicale, lesquels muscles, dans ces circonstances, sont privés de la faculté motrice dérivant de l’encéphale. Ainsi, si les deux principes n’étaient pas rattachés par la respiration, il nous serait possible parfois de vivre encore étant privés du principe supérieur. Peut-être par les mêmes raisons qui nous ont fait trouver la cause pour laquelle le cœur est lésé par l’affection de l’encéphale, dans les grandes apoplexies, quelqu’un pourra-t-il, en un autre sens, trouver la cause pour laquelle, dans les apoplexies moins fortes, dans les catalepsies et les engourdissements, dans les épilepsies et les léthargies, l’homme ainsi affecté ne meurt pas. Il la trouvera en remarquant comment, dans les susdites affections, respirent les patients. Il verra, en effet, qu’ils respirent fortement et avec peine, comme si un ligament empêchait la dilatation du thorax. Nous avons parlé assez longuement sur ce sujet dans notre traité Sur le mouvement des muscles (II, viii et ix) ; la question est la même que celle qui se rapporte au sommeil, état où, toutes les actions des muscles étant abolies, l’action seule des muscles qui meuvent le thorax est conservée. Pour le moment, il suffit d’entrer seulement dans les explications utiles au sujet actuel. En effet,