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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, XIII, iii-iv.

de conjugaison quand elle allongeait les parties inférieures et creusait les parties supérieures des seules vertèbres du cou, ou bien voulait-elle atteindre un autre but plus utile ?

Pourquoi a-t-elle terminé toutes les autres vertèbres par un plan uni, égal de toutes parts et parfaitement lisse (corps des vert.), les rattachant par ce plan les unes aux autres ; et pourquoi, dans les seules vertèbres du cou, n’a-t-elle pas employé le même emboîtement ? La raison en est que chacune des vertèbres avait un double but primitif dans sa structure : d’assurer, comme carène et comme base, l’assiette de tout le rachis ; et, de plus, de lui procurer le mouvement comme partie de l’animal ; toutes les vertèbres au-dessous du cou ayant un plus grand besoin de solidité, et les vertèbres supérieures un plus grand besoin de mouvement. Si vous réfléchissez, en effet, que fléchir, relever, tourner de côté le cou de diverses manières, vite et pendant longtemps, sont des actes plus nécessaires pour un grand nombre de fonctions que de mouvoir le rachis tout entier, vous louerez, je pense, la nature qui a choisi pour chacune des régions du rachis l’attribution qui lui convenait : pour le cou, le mouvement, pour tout le reste, la solidité de l’assiette. Mais les vertèbres inférieures ne pouvaient reposer solidement les unes sur les autres sans une large base et sans un ligament robuste, ni les vertèbres supérieures se mouvoir aisément sans une apophyse (le corps) allongée et sans un ligament lâche[1]. Or, toutes les articulations douées d’un mouvement varié se terminent, comme nous l’avons démontré (II, xvii), par des têtes arrondies. Si donc la nature n’avait eu aucun souci d’assurer l’assiette des vertèbres du cou, et les avait disposées seulement pour la facilité du mouvement, comme l’humérus et le fémur, elles les eût terminées comme le sont ces os, par des tètes arrondies ; mais elle n’a pas oublié non plus leur autre utilité et les a allongées de la façon la plus convenable pour se mouvoir, non-seulement avec aisance, mais encore avec sécurité. Elle prend encore en vue de la sécurité des précautions non médiocres, les unes communes à toutes les vertèbres, les autres particulières et tout à fait spéciales à celles du cou.

  1. Hoffmann (l. l., p. 291) veut ici changer le texte ; mais avec le texte ordinaire confirmé par les manuscrits, le sens est très-régulier.