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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, XIII, x.

paire des nerfs issus du cou atteint chez les singes est dévolue à la sixième chez les animaux doués d’un cou très-long, et à la cinquième chez ceux dont le cou est assez long.


Chapitre x. — De l’utilité de l’omoplate par rapport au bras comme moyen d’articulation, et par rapport au thorax comme moyen de protection. — De l’utilité de l’épine de l’omoplate, de l’acromion et de la clavicule ; de leur utilité pour la protection de l’épaule et pour la sûreté des mouvements du bras.


Il est temps de commencer l’étude de l’omoplate[1] et de montrer l’art que la nature y a déployé aussi. Supposez qu’elle n’existe pas du tout chez les animaux, vous ne trouverez aucun moyen de constituer par la pensée l’articulation de l’épaule ; en effet, pour composer cette articulation, la tête de l’humérus réclame impérieusement une cavité dans laquelle elle puisse entrer. C’est en vue de cette cavité qu’a été produit le col de l’omoplate, et qu’à l’extrémité de ce col a été sculptée une cavité d’une grandeur telle qu’elle est particulièrement propre à s’articuler avec la tête de l’humérus. C’est là la première et la plus grande utilité pour laquelle l’omoplate a été créée par la nature. Cet os a encore par surcroît une autre utilité non petite, c’est de protéger les parties latérales du thorax. Voyant de loin ce qui doit nuire, nous mettons à l’abri les parties antérieures, soit en évitant complètement par un saut le coup porté, soit en opposant devant la poitrine quelque moyen de défense, soit en prenant une arme dans les mains (cf. III, ii ; t. I, p. 223) ; souvent nous sommes réduits à écarter le danger avec les mains seules et privées d’armes, pensant dans ce cas qu’il est préférable de les laisser blesser, meurtrir, broyer ou couper que d’abandonner la poitrine exposée aux coups ; car le thorax est l’organe de la respiration, de même que le poumon qui y est renfermé. Le cœur est aussi le principe de toute vie, de sorte que la lésion d’aucun des os de cette partie n’est exempte de danger. À la région postérieure le danger est égal, mais le moyen de le prévoir n’est pas le même, puisqu’il n’y a point d’yeux par derrière. Il fallait que la nature, dans sa justice, trouvât un savant mécanisme pour ne pas laisser

  1. Dans Galien ὠμοπλάτη signifie à la fois l’omoplate proprement dite, ou l’ensemble de l’épaule. Ici ce mot est pris dans son sens le plus restreint.