Page:Galmot - Quelle étrange histoire, 1918.djvu/149

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Le vent est frais, il traîne dans sa chevelure de brume de nouveaux parfums qu’il n’a point pris dans les champs d’orangers et qui sont les parfums de la forêt équatoriale… des parfums de santal, de bois de rose et de cèdre.

Seul sur mon canot, j’attends, sous les étoiles, le sommeil qui descend. La pirogue, comme un berceau, se balance.

Les hallucinations de la nuit flottent sur la rivière… Le bagne… des hommes nus, attelés à la cordelle, tirent dans la boue les bois monstrueux.

Des cris me réveillent… ce sont des appels aigus… des hurlements de loutres qui bondissent sur l’eau… des sifflements de chats-tigres.

Le sommeil me berce en vain. Voici que le vent s’arrête et m’enveloppe à nouveau des parfums de la jungle… Mais ce sont des parfums de femme et la Forêt et le Vent me rappellent qu’ELLE est passée.

— Forêt, tabernacle qui contient toute la vie, forêt qui connais le Secret, Elle est passée… et je sais que ta robe a gardé son odeur.