Page:Galmot - Quelle étrange histoire, 1918.djvu/187

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— Le docteur n’aurait pas envoyé chez lui un forçat… Je l’ai vue tremblante à crier au passage d’un bagnard.

La maison est vivante. Elle frémit à notre passage… Les choses qui l’habitent ont gardé l’image des maîtres, momentanément absents… Des livres ouverts, des vêtements étalés, des fleurs fanées… sur un secrétaire quelques lettres et des feuillets au vent… du papier à lettre portant en tête « Van Dyck ».

— Allons-nous-en, dit l’aumônier… le diable est passé par là.

— Le docteur est parti le jour même… Il était comme un fou… Je n’ai rien pu savoir de lui… Les douaniers prétendent qu’il est allé au poste hollandais d’Albina.

Dans la chambre du docteur, je trouve des paquets de notes couvertes d’une écriture régulière de femme. Ce sont des lettres d’amour.

Elle écrivait tous les jours au docteur. Pendant les heures qu’il passait à l’hôpital, elle continuait avec lui le dialogue amoureux.

Une âme tourmentée et heureuse est dans ces lignes. Comme ils s’aimaient !…

Chaque jour, jusqu’au matin de son départ, elle a écrit pour son amant d’ardentes paroles d’amour.