Il est difficile d’admettre qu’après plus de cinquante années, la population indigène des deux îles Tahiti et Moorea, dont le chiffre s’élève à environ 8,000 habitants, hommes, femmes et enfants compris, non seulement ne parle pas la langue française, mais encore a vu se substituer à son langage primitif un idiome quelconque formé du tahitien corrompu, de mots français, anglais et autres plus ou moins altérés et adaptés à la prononciation tahitienne.
Telle est pourtant la situation actuelle résultant des causes que je vais essayer de déterminer, en faisant ressortir les agissements des représentants d’une secte religieuse qui, joignant un rôle politique à leur action confessionnelle dans le but de confisquer à leur profit la part d’autorité laissée au souverain, ont cherché à établir à l’encontre du gouvernement protecteur un pouvoir tendant à annihiler la politique d’assimilation poursuivie lentement, il est vrai, en raison des difficultés qui leur étaient suscitées, mais sûrement par les représentants de la France.
Et ce, parce que durant les années qui ont suivi l’établissement de notre protectorat, les écoles publiques des districts sont restées, de par les lois tahitiennes réservées dans l’acte du 9 septembre 1842, sous la direction des pasteurs protestants indigènes et par suite des méthodistes anglicans ; et qu’à leur arrivée dans la colonie vers l’année 1862, les pasteurs français, hommes de religion avant tout, ont suivi la voie tracée par leurs confrères étrangers.
Pour l’intelligence de cette étude, il est nécessaire de remonter à l’époque de l’établissement à Tahiti, des premiers missionnaires anglais.
L’île de Tahiti découverte, suivant la tradition