Page:Gardey - Anglophilie gouvernementale.djvu/42

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

par des troubles continuels à l’intérieur. La Reine sentait elle-même combien elle était impuissante à apaiser toutes les querelles intestines, à empêcher les désordres, à mettre fin à toutes les difficultés sans cesse renaissantes dans ses États, et que réglaient à leur passage divers amiraux français, entre autres Dumont d’Urville, Cécile, Laplace, etc.

Les missionnaires anglicans voyaient déjà d’un très mauvais œil cette intervention des représentants d’une nation étrangère à la leur, lorsque le 20 novembre 1836, MM. Laval et Carret, prêtres de la mission catholique établie aux îles Gambier en 1834, arrivèrent à Tahiti sur la goélette Élisa. Le 25 du même mois, la Reine leur donna audience et bien qu’indécise, ne parut pourtant pas opposée à leur établissement dans ses États ; mais les missionnaires anglicans, en haine du catholicisme autant que de la nationalité des nouveaux venus, provoquèrent d’urgence une assemblée des chefs à laquelle fut soumis un projet d’expulsion contre les deux arrivants ; quelques chefs pourtant se prononcèrent pour eux. Malgré l’intervention du Consul des États-Unis en leur faveur, malgré une nouvelle entrevue avec la Reine, ils durent quitter Tahiti le 12 décembre de la même année, embarqués de force sur le bâtiment qui les avait amenés.

Le peu de succès de cette première tentative ne découragea pas M. Laval. Le 26 janvier 1837 il revenait, accompagné cette fois d’un autre missionnaire, M. Maigret ; on refusa de les laisser débarquer.

Le 29 août 1838, la frégate Vénus, commandée par M. Du Petit-Thouars, se présenta devant Tahiti ;