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parmi les indigènes, pleines de diatribes contre le catholicisme rattaché à la nationalité française, contribuaient à entretenir chez les Tahitiens, incapables de séparer la religion de la nationalité, cette idée profondément ancrée dans l’esprit des populations océaniennes, que catholique est le synonyme de Français, comme protestant est celui d’Anglais. Il en résulte que dans les langues ou mieux les dialectes de ces pays, les deux religions sont respectivement désignées sous l’appellation de religion anglaise pour le protestantisme et religion française pour le catholicisme ; aussi dans les recensements de la population, l’indigène interpellé sur sa religion répond invariablement : « Je suis Français » ou « Je suis Anglais », selon qu’il appartient à l’un ou à l’autre culte.

Dans les publications dont il est question, les missionnaires anglicans employaient, pour désigner les protestants, le mot Beretani soit l’expression Britannic, adaptée à l’orthographe du pays ainsi qu’à la prononciation tahitienne.

J’ai sous les yeux un livre intitulé : Te tere o pererinale Voyage du pèlerin — Londres 1847, avec une préface du traducteur, le missionnaire Charles Barff. Dans cette préface, M. Barff emploie bien le mot Beretani pour désigner les protestants auxquels il s’adresse.

Comme nous venons de le voir, en 1855, treize ans après l’établissement de notre protectorat, une loi tahitienne était votée qui maintenait les anciens errements en leur donnant plus de force. Cette réglementation resta d’abord en vigueur jusqu’au 30 octobre 1862. Entre temps deux arrêtés, l’un du 7 novembre 1857, l’autre du 2 décembre 1860, avaient ouvert à Papeete,