Page:Gardey - Anglophilie gouvernementale.djvu/63

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après quelques jours seulement d’une maladie qui ne faisait pas prévoir ce dénouement à si bref délai. La couronne revenait à son héritier direct, son fils aîné Ariiaue. Une opposition paraît vouloir se manifester : il ne faudrait pas qu’Ariiaue succédât car, vivant séparé de sa femme, l’influence de la mission protestante sur cette dernière ne pourra servir les vues de son chef. Madame Marau, anglaise par son père, descend, par sa mère, de la famille la plus influente de l’île avant l’arrivée de Pomare au pouvoir. S’il était possible de déterminer un mouvement en sa faveur !

M. le contre-amiral Serre, commandant en chef la division navale de l’océan Pacifique, que les circonstances avaient amené à assurer provisoirement le commandement des établissements français de l’Océanie — heureusement pour notre influence, car il fallait à ce moment un administrateur énergique — prend immédiatement des mesures qui ont pour effet de couper court à toute tentative d’obstruction. Le 24 septembre, toutes les autorités françaises et indigènes sont réunies dans la grande salle du palais de justice (ancien palais de l’Assemblée législative tahitienne). Les troupes sont sous les armes, les compagnies de débarquement de la division navale sont à terre. L’amiral, ayant Ariiaue à sa droite, donne lecture d’une proclamation au peuple tahitien, dont chaque phrase est traduite immédiatement par l’interprète Barff ; il termine par ces paroles :

« Et saluez avec moi Pomare V, roi des Îles de la Société et dépendances. » — Le pasteur indigène Maheanuu, oncle par alliance de madame Marau et porte-parole de l’opposition, se lève pour protester ; mais aux derniers mots prononcés par l’amiral, la