Page:Gardey - Anglophilie gouvernementale.djvu/65

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À ses premières entrevues avec le chef de la mission protestante, le représentant de la France dut constater avec surprise qu’il se trouvait en présence, non pas d’un homme de religion convaincu, mais d’un ambitieux ne se servant de son prestige de chef d’un culte que pour satisfaire sa soif du pouvoir, ses appétits personnels, hostile à toute idée d’annexion, ayant intérêt à ce que le pays restât tahitien, convaincu que si l’événement qu’il escomptait (la mort du roi) se réalisait, il serait le vrai maître à Tahiti, soit que la régence fût dévolue à Mme Marau, soit que la couronne échût à la jeune princesse Teriivaetua, fille d’un frère du roi, héritière éventuelle du trône des Pomare, que la mission protestante faisait élever chez M. le pasteur Brun, à l’île voisine Moorea.

Il fallut agir en conséquence et sans perdre un instant. Les chefs, convoqués d’abord pour le 5 juillet 1880, furent, le 26 juin, avisés d’urgence (et pour cause) de se trouver à Papeete le 29 juin, à 8 heures du matin. Tous furent présents, et à 8 h. 40, au palais du gouvernement fut signé l’acte mettant la France en possession définitive de l’île Tahiti et dépendances. M. Chessé avait habilement triomphé de l’opposition.

Le même jour, à midi, sur la place Bruat, devant toute la population de la ville, en présence du Roi, du commissaire du gouvernement français, des représentants des puissances étrangères, des fonctionnaires de tous ordres et de tous rangs, des officiers de tous grades, le drapeau français était hissé par deux chefs tahitiens, au cri répété de « Vive la France ». Deux notabilités manquaient à cette patriotique cérémonie : le consul de Sa Majesté Britannique et le chef