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DISCOURS

fruit incontestable des progrès de l’esprit humain et de la liberté politique. C’est la plus grande preuve que l’on puisse fournir du perfectionnement graduel des institutions sociales. Les nuages mystérieux qui enveloppaient le berceau de la Grèce et de Rome,[1] perdent de leur terreur ; l’œil peut oser maintenant en scruter les terribles secrets ; et s’il pénètre jusqu’à l’origine du peuple lui-même, il voit le merveilleux disparaître comme ces légers brouillards du matin aux rayons du soleil. Car bien qu’on ait donné aux premiers rois une nature céleste, que l’adulation des zélateurs de la monarchie, les ait enveloppés de prodiges, pour le peuple, aucun acte surnaturel ne marque son existence ; sa vie prosaïque ne change même pas dans les temps fabuleux.

  1. Les historiens de ce continent sont affranchis des difficultés qui ont embarrassé pendant longtemps ceux de l’Europe par rapport à la question de l’origine des races dont descendent les différens peuples coloniaux américains. Ils peuvent en effet indiquer sans peine le point de départ des flots d’émigrans dans les diverses contrées de l’Ancien Monde, et suivre leur route jusque dans la plus obscure vallée où un pionnier ait élevé sa hutte dans le nouveau. S’ils veulent remonter au-delà, ils trouveront tout fait par l’ardeur avec laquelle les Européens ont travaillé à régler définitivement la question de leur origine. Mais si cette grande tâche est accomplie pour eux, il en reste une autre semblable à finir pour les Indigènes de l’Amérique, qui offre peut-être encore plus de difficultés, et qui a déjà exercé l’ingénuité de beaucoup de savans.