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DU CANADA.

munication des pensées. Si celui qui le possédait chez les Indiens réunissait avec cela le courage, il pouvait espérer de devenir un des chefs de la tribu. Le simple narrateur finissait souvent par devenir un orateur influent. La langue indienne, pleine de figures, se prêtait admirablement à l’éloquence.

L’histoire de la civilisation et des mœurs d’un peuple peut donner d’avance une idée de la perfection de son langage ; ce que nous avons déjà dit dans ce livre, peut aider à faire juger de l’état dans lequel se trouvaient les dialectes parlés en Amérique lors de sa découverte. Nous ne devons pas nous attendre à trouver des idiômes perfectionnés et enrichis par les découvertes qui sont le fruit des progrès de la civilisation ; mais en même temps nous les verrons en possession d’une organisation complète et soumis à des règles exactes[1]. Nulle horde n’a été trouvée avec une langue informe, composée de sons incohérens et comme sortant des mains du chaos. Aucune langue sauvage ne porte les marques d’une agrégation arbitraire, produit pénible et lent du travail et de l’invention humaine. Le langage est né tout fait avec l’homme. Les dialectes

  1. « Qu’on les appelle barbares tant qu’on voudra (les Sauvages) leur langue est fort réglée. » — Relation des Jésuites, (1633).