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PRÉLIMINAIRE.

et qui, comme le génie, échappe à l’astuce de la politique comme au tranchant de l’épée. Il se conserve, comme type, même lorsque tout semble annoncer sa destruction. Un noyau s’en forme-t-il au milieu des races étrangères, il se propage, en restant comme isolé, au sein de ces populations avec lesquelles il peut vivre, mais avec lesquelles il ne peut guère s’amalgamer. Des Allemands, des Hollandais, des Suédois se sont établis par groupes dans les États-Unis, et se sont insensiblement fondus dans la masse sans résistance, sans qu’une parole même révélât leur existence au monde. Au contraire, aux deux bouts de cette moitié du continent, deux groupes français ont pareillement pris place, et non seulement ils s’y maintiennent comme race, mais on dirait qu’une énergie qui est comme indépendante d’eux, repousse les attaques dirigées contre leur nationalité. Leurs rangs se resserrent, la fierté du grand peuple dont ils descendent et qui les anime alors qu’on les menace, leur fait rejeter toutes les capitulations qu’on leur offre ; leur esprit de sociabilité, en les éloignant des races flegmatiques, les soutient aussi dans les situations où d’autres perdraient toute espérance. Enfin cette force de cohésion, dont nous venons de parler, se développe d’autant plus que l’on veut la détruire.

« La nationalité d’ailleurs n’est pas un fruit