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HISTOIRE

perte, en ce que la personne qui avait été nommée pour le remplacer dans le gouvernement de Montréal, leur était étroitement alliée par le sang, et que c’est ce qui expliquait l’acharnement avec lequel ils travaillaient contre lui. Pour ces raisons donc, il récusait nommément M. de Frontenac et tous les autres, membres auxquels il avait fait allusion, et en appelait au conseil d’état à Paris.

Le sulpicien, l’abbé Fénélon, qui souffrait de se voir ainsi traîner devant un tribunal civil, qu’il savait mal disposé contre lui, adopta la même tactique et commença aussi à récuser ses juges. Sa cause devint dès lors commune avec celle de M. Perrot, auquel l’influence du clergé qui commença à se remuer fut fort avantageuse. Nul doute que l’opinion publique n’ait été aussi pour quelque chose dans l’espèce de changement que l’on croit apercevoir alors dans les dispositions de la plupart des membres du conseil et du gouverneur lui-même. Les membres récusés voulurent s’abstenir de siéger ; et le gouverneur fut comme emporté par le torrent. ; car il chercha d’abord à justifier sa présence en prétendant qu’il n’était pas plus intéressé, dans le procès que le roi lui-même dont il était le représentant ; ce qui était plausiblement vrai. Le conseil ne se trouvant plus en nombre après la retraite des