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HISTOIRE

missionnaires, qui conservaient dans son alliance toutes les nations indigènes, excepté les Iroquois. La colonie languissante et sans moyens menaçait ruine ; oubliée de la métropole, sa population augmentait à peine, et son commerce était presqu’anéanti ; sans soldats et sans argent, elle était à la merci des Sauvages au milieu desquels elle avait été jetée. Les cinq cantons se vantaient même hautement de chasser bientôt Montmagny et les Français au de là de la mer, d’où ils étaient venus. Mais l’activité et la hardiesse des missionnaires et des traitans, que l’on trouvait partout sur les bords de la baie d’Hudson, sur les côtes du golfe St.-Laurent, et jusqu’à l’entrée des forêts du Michigan, donnaient aux peuplades qu’ils visitaient une haute idée de la nation française. Elles ne pouvaient voir en effet sans une espèce d’étonnement, ses prêtres et ses voyageurs s’abandonner seuls au milieu de leurs forêts, à la recherche de tribus inconnues, et s’enfoncer courageusement vers le nord, vers le midi, vers le couchant, dans des contrées que leur imagination leur peignait remplies de dangers et peuplées d’hommes et d’animaux cruels et féroces. Le merveilleux dont l’ignorance aime à envelopper tout ce qu’elle ne connait pas, s’attachait à la personne même des Français par cela seul qu’ils étaient supposés avoir vu