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DU CANADA.

Cependant, tandis que M. de la Barre écrivait à la cour que rien n’était plus imaginaire que les découvertes de la Salle, et qu’il s’emparait des forts de Frontenac et de St.-Louis appartenant à ce voyageur célèbre, acte de spoliation fort blâmé dans le temps, les affaires ne s’amélioraient pas dans la colonie. Ce gouverneur avait des idées assez libérales en matières d’administration, et c’est qui l’avait fait jeter dans les bras des partisans de la traite libre et des ennemis du monopole. Il est vrai que rien à cette époque n’aurait été plus avantageux pour le Canada, que l’entière liberté du négoce ; mais il ne chercha pas même à y faire reconnaître ce principe par la cour, et encore bien moins à le mettre en pratique, à en faire la base du système commercial du pays. Il paraît au contraire, si l’on en croit quelques chroniqueurs, comme l’abbé de Belmont, que l’intérêt privé n’était pas étranger aux motifs de sa conduite, et que non seulement il faisait lui-même le commerce des pelleteries, mais qu’il tirait encore de grands bénéfices de la vente des congés de traite. Quoiqu’il en soit, c’est dans l’exécution qu’il parût que M. de la Barre manquait généralement d’énergie ; et s’il avait des vues heureuses, la nature semblait lui refuser les qualités nécessaires pour mener à bonne fin les affaires compliquées et qui demandaient à la