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HISTOIRE

changés, et qu’au lieu de solliciter humblement la paix, ils devaient parler en vainqueurs. Ils refusèrent hautement de comprendre les Illinois dans le traité ; ils allèrent jusqu’à dire qu’ils ne poseraient point les armes qu’un des deux partis, les Iroquois ou les Illinois, n’eût détruit l’autre. Cette insolence excita l’indignation dans le camp ; mais M. de la Barre se contenta d’observer que du moins l’on prit garde qu’en voulant frapper les Illinois la hache ne tombât sur les Français qui demeuraient avec eux, réponse peu noble qui rappelle celle que Pitt fit dans la chambre des communes à l’occasion du désastre de Quiberon ; et qui lui attira cette belle exclamation de Fox, célèbre dans l’histoire : « Non, le sang anglais n’a pas coulé ; mais l’honneur anglais a coulé par tous les pores ».

La paix fut conclue à la seule condition que les Tsonnonthouans indemniseraient les traitans français qu’ils avaient pillés en allant faire la guerre aux Illinois. Le général s’obligea de se retirer dès le lendemain avec son armée. Il partit lui-même sur le champ, après avoir donné ses ordres pour l’exécution de ce dernier article. Ainsi échoua, par la lenteur et la pusillanimité du général, une expédition qui, si elle eût été bien conduite, aurait eu des résultats bien différens ; et les cinq nations eurent la