Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome III, 1848.djvu/146

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
144
HISTOIRE

rable que l’ancien, et si le général Montcalm eût un ami dans le maréchal de Belle-Isle, M. Bigot eut un censeur sévère dans M. Berryer, qui parut s’occuper davantage du soin d’apurer les comptes de l’intendant, que d’envoyer les secours de tous genres dont ce pays avait besoin.

En effet, les soldats et les vivres manquaient toujours. Une partie de la population ayant été arrachée à l’agriculture pour les besoins de la guerre, la terre était restée sans laboureurs ; ce qui nécessitait des importations de céréales encore plus considérables que dans les années précédentes. D’un autre côté les hostilités sur mer rendaient les importations plus difficiles, et il fallait ménager le temps des cultivateurs et régler les opérations militaires de manière à pouvoir en laisser libre le plus grand nombre possible pour le temps des semailles et de la moisson : ainsi la guerre et la culture s’entrenuisaient, et toutes deux marchaient ensemble vers une ruine commune.

Dès le mois d’octobre le gouverneur et l’intendant avaient écrit au ministre pour l’avertir que le projet des ennemis était d’assiéger Québec l’année suivante avec une armée formidable ; et que d’après les progrès qu’ils avaient faits dans la campagne actuelle, si le Canada ne recevait point de secours, attaqué de toutes