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DU CANADA.

parts, il ne pourrait manquer de succomber ; que l’on n’avait que 10,000 hommes à opposer aux forces nombreuses des Anglais, parce qu’il fallait en réserver 4,000 pour les transports et laisser des soldats et des Canadiens dans les garnisons des forts du lac Érié ainsi que dans ceux de Niagara, Frontenac et de la Présentation. « Il ne faut pas compter sur les habitans, disaient-ils, ils sont exténués par les marches continuelles. Ce sont eux qui font toutes les découvertes de l’armée. Leurs terres ne sont point cultivées à moitié. Leurs maisons tombent en ruine. Ils sont toujours en campagne, abandonnant et femmes et enfans, qui pour l’ordinaire sont sans pain… Il n’y aura point de culture cette année faute de cultivateurs. » Ils ajoutaient que l’on serait forcé de distribuer aux pauvres à bas prix du bœuf ou du cheval. Les demandes du munitionnaire en France en comestibles seuls devaient occuper 35 navires de 3 à 400 tonneaux.

Toutes les correspondances confirmaient ce triste et trop fidèle tableau de la colonie tracé par le gouverneur et l’intendant. M. de Bougainville s’embarqua à Québec pour la France, afin d’engager la cour à faire un grand effort pour épargner au pays le sort qui le menaçait ; et le commissaire des guerres, M. Doreil, qui