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HISTOIRE

repassait aussi en Europe, fut chargé d’appuyer les représentations de Bougainville.

Des sollicitations si pressantes devaient rester sans résultat. Dans leur impuissance de secourir une si noble contrée qu’ils allaient perdre, les ministres, le cœur rempli de douloureux regrets, éclatèrent en reproches amers contre l’intendant sur les dépenses excessives du Canada, qu’ils attribuaient à sa négligence, comme pour se justifier eux-mêmes aux yeux de la France de la situation malheureuse où elle se trouvait. Berryer écrivait à ce fonctionnaire le 19 janvier (1759) que la fortune de ceux qui avaient suivi ses ordres, rendait son administration suspecte. Dans une autre dépêche (29 août), ce ministre, informé que le tirage des lettres de change allait monter pour 1759 de 31 à 33 millions, observait que les dépenses étaient faites sans ordre, souvent sans nécessité, toujours sans économie, et terminait par ces mots : « On vous attribue directement d’avoir gêné le commerce dans le libre approvisionnement de la colonie ; le munitionnaire général s’est rendu maître de tout, et donne à tout le prix qu’il veut ; vous avez vous-même fait acheter pour le compte du roi, de la seconde et troisième main, ce que vous auriez pu vous procurer de la première à moitié meilleur mar-