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Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome IV, 1852.djvu/10

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HISTOIRE DU CANADA.

qu’il sera nécessaire d’y avoir recours, le texte soit pris dans la langue des motions originairement présentées, et que les bills soient passés dans la langue de la loi qui leur aura donné naissance.

Ayant eu l’honneur d’être du comité où cet objet a déjà été débattu, et ayant entendu ce qui vient d’être dit par les honorables membres qui ont parlé avant moi, je crois qu’il est nécessaire de récapituler celles de leurs raisons qui m’ont le plus frappé, et auxquelles il est de mon devoir de répondre d’une manière détaillée.

La première raison qui a été donnée, est, que la langue anglaise étant celle du souverain et de la législation de la mère-patrie, nous ne serons entendus ni des uns ni des autres si nous n’en faisons usage, et que tous les projets de loi que nous présenterons en langue française seront refusés.

La seconde, que l’introduction de la langue anglaise assimilera et unira plus promptement les Canadiens à la mère-patrie.

Ces raisons sont d’une si grande importance qu’il est indispensablement nécessaire de les examiner l’une après l’autre.

Pour répondre à la première, je dirai avec cet enthousiasme qui est le fruit d’une vérité reconnue et journellement sentie, que notre très gracieux souverain est le centre de la bonté et de la justice ; que l’imaginer autrement serait défigurer son image et percer nos cœurs. Je dirai, que notre amour pour lui est tel que je viens de l’exprimer ; qu’il nous a assuré de son attachement et que nous sommes persuadés, que ses nouveaux sujets lui sont aussi chers que les autres. Enfans du même père, nous sommes tous égaux à ses yeux. D’après cet exposé, qui est l’opinion générale de la province, pourra-t-on nous persuader qu’il refusera de nous entendre, parce que nous ne savons parler que notre langue ? De pareils discours ne seront jamais crus : ils profanent la majesté du trône, ils le dépouillent du plus beau de ses attributs, ils le privent d’un droit sacré, du droit de rendre justice ! Non, M. le président, ce n’est point ainsi qu’il faut peindre notre roi ; ce monarque équitable saura comprendre tous ses sujets, et en quelque langue que nos hommages et nos vœux lui soient portés, quand nos voix respectueuses frapperont le pied de son trône, il penchera vers nous une oreille favorable et il nous entendra quand nous lui parlerons français. D’ailleurs,