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HISTOIRE DU CANADA.

monsieur, cette langue ne peut que lui être agréable dans la bouche de ses nouveaux sujets, puisqu’elle lui rappelle la gloire de son empire et qu’elle lui prouve d’une manière forte et puissante, que les peuples de ce vaste continent sont attachés à leur prince, qu’ils lui sont fidèles, et qu’ils sont anglais par le cœur avant même d’en savoir prononcer un seul mot.

Ce que je viens de dire du meilleur des rois, rejaillit sur les autres branches de la législature britannique. Ce parlement auguste ne peut-être représenté sous des couleurs défavorables, puisqu’il nous a donné des marques de sa libéralité et de ses intentions bienfaisantes. Le statut de la 14e année de sa Majesté est une preuve de ce que j’avance ; notre religion nous y est conservée, nos lois de propriété nous y sont assurées, et nous devons jouir de tous nos droits de citoyens d’une manière aussi ample, aussi étendue et aussi avantageuse, que si aucune proclamation, ordonnance, commission ni autre acte public n’avaient été faits. Après une loi aussi solennelle qui n’a pas été révoquée, peut-on croire que le parlement voulût retirer ce qu’il nous a si généreusement accordé ; peut-on croire qu’en nous assurant tous nos droits de citoyens, qu’en nous conservant toutes nos lois de propriété, dont le texte est français, il refuserait de nous entendre quand nous lui parlerons dans cette langue, qu’il refuserait de prendre connaissance des actes que nous lui présenterons sur un texte qu’il nous a conservé ; cela ne peut être. Nous voyons une continuation de la bienveillance de ce parlement auguste dans l’acte de la 31e année de sa Majesté. Pourquoi la division de la province ? pourquoi cette séparation du Haut et du Bas-Canada ? Si nous lisons les débats de la chambre des communes lors de la passation de ce bill, nous en connaîtrons les raisons, c’est pour que les Canadiens aient le droit de faire leurs lois dans leur langue et suivant leurs usages, leurs préjugés et la situation actuelle de leur pays.

Est-il dit par cet acte de la 31e année de sa Majesté que nos lois seront uniquement faites en anglais ? Non, et aucune raison ne le donne même à l’entendre : pourquoi donc vouloir introduire un procédé qui ne peut être admissible en ce moment ? pourquoi regarder comme indispensable, une chose dont il n’est pas même fait mention dans l’acte constitutionnel ? Croyons, M. le prési-