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Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome IV, 1852.djvu/106

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HISTOIHE DU CANADA.

mière avait la forme d’un angle allongé à la droite de la route et suivait les sinuosités du ravin.

Cette position obligeait l’ennemi à traverser un pays inhabité et à s’éloigner de ses magasins, tandis que les troupes chargées de la défense avaient tout ce qu’il fallait près d’elles et se trouvaient fortement appuyées par derrière.

La rive droite de la rivière était couverte d’un bois épais. On y jeta un fort piquet pour défendre l’approche du gué.

Le colonel de Salaberry fit ensuite détruire tous les ponts à une grande distance en avant de sa position, et abattre tous les arbres entre la rivière et un marais qui se trouvait au-delà de la plaine qu’il y avait devant lui, pour empêcher le passage de l’artillerie dont il savait l’ennemi pourvu. Il fit perfectionner tous ces ouvrages jusqu’au moment où l’ennemi parut. Les travaux exécutés permettaient de lutter contre des forces bien supérieures et furent approuvés par le général de Watteville. On n’avait que 300 Canadiens et quelques Écossais et Sauvages à opposer aux 7000 Américains qui arrivaient avec Hampton. Mais le colonel de Salaberry était un officier expérimenté et doué d’un courage à toute épreuve. Entré très jeune dans l’armée, il avait servi onze ans dans les Indes orientales, où il avait assisté au fameux siège du fort Matilda par le général Prescott. Quoiqu’à peine âgé de seize ans, il fut chargé de couvrir l’évacuation de la place. Il commanda encore avec distinction une compagnie de grenadiers dans l’expédition de la Martinique en 95. Dans celle de Walcheren en Europe, il était aide-de-camp du général de Rottenburgh. Il débarqua à la tête de la brigade des troupes légères et fut placé dans les postes avancés pendant toute la durée du siège de Flushing.

Revenu en Canada comme officier d’état major de Rottenburgh peu de temps avant la guerre avec les États-Unis, sir George Prevost le choisit pour lever un corps de voltigeurs canadiens ; tâche qu’il accomplit avec un plein succès. Ce beau corps organisé et discipliné en très peu de temps, se signala par des succès constans devant l’ennemi, qui excitèrent l’émulation des autres milices.

Le général Hampton divisa son armée en deux corps. Le premier composé de cavalerie et de fantassins soutenus par 2000