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Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome IV, 1852.djvu/13

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HISTOIRE DU CANADA.

aussi de celui de 91 dont les Canadiens qu’on a si souvent peints avec des couleurs désavantageuses, sauront faire usage au grand étonnement de quelques individus, mais à la satisfaction de la Grande-Bretagne. Passant ensuite rapidement sur l’objet de la discussion, il termina par ces paroles qui ne pouvaient être réfutées :

« Mais l’on a dit et l’on dira encore, le conseil législatif, son excellence le lieutenant gouverneur, ces deux premières puissances qui doivent concourir avec nous, ne recevront pas nos bills en français ; oui, monsieur, ils les recevront, cet acte de la 31e année m’en assure, et pour l’interpréter dans son vrai sens et dans toute sa force, je demanderai si la représentation est libre ? personne me dit que non ; étant libre, il pouvait donc se faire que 50 membres qui comme moi, n’entendent point l’anglais, auraient composé cette chambre ; auraient-ils pu faire des lois en langue anglaise ? non, assurément. Eh bien ! ç’aurait donc été une impossibilité et une impossibilité ne peut exister. Je demanderai actuellement si pour cela cet acte de la 31e année qui nous constitue libres, pourrait être annulé et anéanti ; non certainement, rien ne peut empêcher son effet, et cet acte commande aux premières puissances de la législation de concourir avec nous ; et notre confiance en leur justice est telle, que nous sommes persuadés qu’elles le feront de manière à répondre aux intentions bienfaisantes de sa Majesté et de son parlement, qui ne nous restreignent point à la dure nécessité de statuer, en ce moment, nos lois dans une langue que nous n’entendons point. »

« D’ailleurs, observa un autre membre, M. de Rocheblave, quelles circonstances choisit-on pour nous faire adopter un changement également dangereux pour la métropole et pour la province ? Ignore-t-on que nous avons besoin de toute la confiance du peuple pour l’engager à attendre avec patience que nous trouvions des remèdes aux maux et aux abus dont il a à se plaindre ? Ne peut-on pas voir qu’il est dangereux pour la Grande-Bretagne même à laquelle nous sommes liés par reconnaissance et par intérêt, de détruire les autres barrières qui nous séparent de nos voisins ; que tout espoir et toute confiance de la part du peuple dans ses représentans sont perdus si nous n’avons qu’un accroissement de privation à lui offrir pour résultat de nos travaux ?