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Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome IV, 1852.djvu/137

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HISTOIRE DU CANADA.

contre lui, dut-il pour cela sacrifier la conciliation du clergé, la paix du Canada et l’avancement de ses intérêts les plus chers ; qu’il tâcherait aussi d’établir de bons rapports avec l’évêque catholique à qui il avait déjà donné des preuves de ses dispositions ; mais que ce serait tromper le ministre que de lui faire espérer aucun changement dans les sentimens du clergé ou du peuple sur le point en question. Si les raisonnemens n’avaient pu persuader, il craignait que la coercition ne fît qu’augmenter leur haine. Des hommes modérés et bien informés pensaient qu’en vain y aurait-il prorogation sur prorogation, dissolution sur dissolution, on verrait plutôt une révolution dans le pays que dans les sentimens de ses habitans.

Après avoir ainsi passé en revue l’état des choses, Sherbrooke indiquait les remèdes qu’il croyait nécessaires. L’un d’eux était la nomination d’un agent auprès du gouvernement à Londres, désirée depuis longtemps et qu’avaient presque toutes les autres colonies. L’assemblée attribuait la perte du bill qu’elle avait passé pour cet objet, dans le conseil, à l’influence du juge Sewell qui voulait lui ôter les moyens de soutenir les accusations qu’elle avait portées contre lui, et prévenir les autres avantages qui pourraient résulter d’un défenseur de ses droits dans la métropole. Un autre était de détacher M. Stuart, le principal auteur des résolutions de l’année précédente, du parti qui l’avait pris pour un de ses chefs, en le prenant par le côté sensible chez bien des hommes, l’intérêt personnel. On croyait que l’opposition privée de ses talens, perdrait sa vigueur et tomberait dans l’insignifiance. On lui avait dit que si on lui offrait la place de procureur général il abandonnerait ses amis. Il suggérait aussi de nommer le président de l’assemblée, M. Papineau, au conseil exécutif, où le parti dominant de la chambre n’était pas représenté. Le plus grand mal, la source la plus fertile de dissensions, c’est, disait-il, que l’on n’avait aucune confiance dans le gouvernement, c’est-à-dire non pas tant dans le caractère personnel du gouverneur que dans le conseil exécutif, dont les membres étaient regardés comme ses conseillers et dont tous les mouvemens étaient surveillés avec une jalousie qui nuisait à tous les actes du pouvoir. Il pensait que l’introduction de M. Papineau dissiperait cette méfiance.

Ce rapport remarquable lève un coin du rideau qui couvrait