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Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome IV, 1852.djvu/140

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HISTOIRE DU CANADA.

de son influence. « Stuart, écrivait plus tard, Sherbrooke au bureau colonial, a été abandonné. Cela peut-être attribué au salaire donné au président ; mais la chambre était fatiguée ; elle voulait se reposer. J’attribue beaucoup de cette modération au bon sens et aux efforts de M. Papineau, qui a manifesté le désir de causer fréquemment avec moi dans les cas difficiles, ce que je l’ai encouragé à faire. »

Cependant l’Angleterre s’occupait de la situation financière du Canada, question autour de laquelle rayonnaient toutes les autres. Dans les pays constitutionnels, le vote des deniers publics est censé appartenir aux communes, c’est-à-dire aux représentans du peuple. Ce principe avait été reconnu en Canada par la constitution de 91 ; mais l’application n’en avait été ni générale, ni absolue. Le gouvernement avait chicané sur les limites de ce droit, et à certaines époques il s’était emparé de la caisse publique et avait dépensé l’argent sans appropriation, ce qui faisait dire au gouverneur que le ministre serait comme lui, d’opinion qu’il était nécessaire de retirer les finances de la confusion où elles étaient tombées par la dépense d’année en année des fonds publics sans appropriation, prévoyant probablement déjà les troubles et les discordes qui devaient en résulter plus tard. Tantôt la chambre protestait avec force contre cette violation de son droit le plus précieux ; tantôt elle gardait le silence, attendant quelque circonstance favorable pour le revendiquer, parceque sans lui la constitution devenait en Canada plus qu’ailleurs une lettre morte.

À cette époque la colonie était encore hors d’état de le maintenir contre l’Angleterre, à moins de rompre son alliance avec elle et de se jeter dans les chances d’une rébellion et dans les bras des États-Unis. Personne ne pensait à une pareille tentative. Mais l’œil clairvoyant de Sherbrooke, l’un des gouverneurs les plus habiles que nous ayons eus, avait prévu toutes les difficultés qu’un pareil état de choses était de nature à faire naître. Les agitations que la question des subsides avait déjà causées, étaient un signe que le peuple lorsque ce jour serait venu prétendrait exercer son droit dans toute sa plénitude.

Le gouverneur transmit à lord Bathurst un état du revenu et des charges ordinaires et extraordinaires dont ce revenu était grevé, d’après lequel la dépense permanente avait excédé, pour