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HISTOIRE DU CANADA.

à la liste civile par bill, afin de la mettre sur un pied vraiment constitutionnel.

Sherbrooke qui avait demandé son rappel pour cause de mauvaise santé, s’embarqua peu de temps après la session pour l’Europe. On assure qu’il partit dégoûté de la tâche qu’il avait eue à remplir. Il est assez difficile de dire qu’elles étaient vraiment ses idées sur la politique à suivre en Canada. Il est probable qu’il était mécontent de tous les partis et qu’il avait craint surtout de se livrer à l’oligarchie, cause première de toutes les discordes. C’était un homme d’un grand sens, qui avait des vues élevées, mais qui connaissant l’influence des officiels au bureau colonial, n’osa pas se mettre en lutte avec eux, d’autant plus que ses vues ne cadraient pas entièrement avec celles de l’assemblée.

Il fut remplacé par l’un des plus grands personnages de la Grande-Bretagne, le duc de Richmond, qui avait gouverné l’Irlande tant bien que mal, et qui était réduit à voyager ainsi d’un pays à l’autre pour refaire une fortune qu’il avait dissipée par ses extravagances. Le rang élevé de ce seigneur, l’influence que son nom lui donnait en Angleterre, tout portait à croire que son administration allait être signalée par quelque grande réforme qui mettrait fin aux dissensions qui commençaient à déchirer le pays au sujet des finances. Mais il s’était gâté au gouvernement de l’Irlande, où le mal dessèche tout, jusqu’au sol. Il arriva à Québec en 1818 accompagné de son gendre, sir Peregrine Maitland, nommé lieutenant gouverneur du Haut-Canada. Tous les principaux citoyens s’empressèrent d’aller lui présenter leurs hommages ou de laisser leurs noms au château. Mais cet empressement et ses espérances ne durèrent qu’un instant.

Après un ajournement du 12 au 22 janvier 1819, à l’occasion de la mort de la reine, les chambres se réunirent et le nouveau vice-roi leur adressa un discours qui avait presque exclusivement rapport à la question des finances, et qui fit d’abord espérer une heureuse solution de la question. L’assemblée répondit en faisant de grands complimens, qu’elle allait s’en occuper sans délai. Mais lorsqu’elle prit les estimations de la dépense de l’année courante et qu’elle les vit grossies du cinquième sur l’année précédente, elle éprouva quelque surprise. Quoique l’on pût supposer