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HISTOIRE DU CANADA.

De deux points et pour des motifs différens partaient des accusations contre l’assemblée où l’esprit, les sympathies et l’intérêt de l’ancienne population s’étaient réfugiés. Le parti britannique le plus exclusif avait toujours voulu l’union pour noyer la population française, et c’est pour ce motif que M. Lymburner protesta en son nom à la barre de la chambre des communes contre la division de la province en 91. Lorsque M. Papineau le vit en 1823, en qualité d’ancien ami de son père et d’homme instruit et lettré comme lui, pour l’intéresser aux requêtes des Canadiens, sachant qu’il avait changé d’opinion, il répondit à lui et à M. Neilson qui l’accompagnait : « J’ai plusieurs lettres de mes anciens amis en Canada, qui s’appuyant de ce que j’ai dit en leur nom comme au mien contre la division de ce pays en deux provinces. Cette division fut une erreur. L’amalgamation des deux populations eût été plus rapide sans elle. Mais il y aurait maintenant de l’injustice à la faire disparaître. Elle a fortifié des habitudes et des intérêts distincts, elle a donné naissance à une législation séparée. J’ai répondu que loin de les appuyer, je les opposerais et que j’emploierais mon influence auprès des hommes publics que je connaissais pour faire échouer leur tentative, parce que le gouvernement se mettrait par là en contradiction avec lui-même et se rendrait odieux en Amérique. » Si M. Lymburner était maintenant contre l’union, d’autres l’avaient remplacé dans son ancienne idée. On sait que la compagnie du Nord-Ouest jouissait d’une influence locale assez grande à Londres. Cette compagnie était dirigée en Canada par M.M. Richardson et McGill, deux des chefs les plus exagérés du parti anglais. M. Ellice, dont le père avait fait autrefois un grand commerce dans ce pays, et qui y avait acheté de la famille Lotbinière, la seigneurie de Beauharnois, avait été commis chez eux. Par le chapitre des accidens, Ellice était devenu un homme important à Londres. Du Canada, il était passé aux Îles. Là il avait épousé une des filles du comte Grey, veuve d’un officier de l’armée. Quelques années plus tard, lord Grey se trouvait l’homme le plus puissant du parti whig, et M. Ellice, par contre coup, quoique d’un esprit fort ordinaire, se trouvait par son alliance en possession d’une grande influence. Whig en Angleterre, il devint entremetteur des torys du Canada avec le ministère tory à