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Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome IV, 1852.djvu/193

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HISTOIRE DU CANADA.

forment déjà un des empires les plus vastes et les plus florissans de l’univers : celles-ci et beaucoup d’autres ont porté dans tous les coins du monde notre langue, nos institutions, nos libertés et nos lois. Ce que nous avons planté a pris racine ; les pays que nous favorisons aujourd’hui comme colonies, deviendront tôt ou tard des nations libres, qui à leur tour communiqueront la liberté à d’autres contrées. Mais me dira-t-on, l’Angleterre a fait pour cela des sacrifices immenses ; je l’avoue ; mais malgré ces sacrifices l’Angleterre est encore par l’étendue de ses possessions la plus puissante et la plus heureuse nation qui existe et qui ait jamais existé. Je dirai de plus que nous serons bien payés de tous les sacrifices qu’il faudra faire encore, par la moisson de gloire que nous ajouterons à celle que nous avons déjà acquise, la gloire d’être la mère-patrie de pays où l’on jouira dans les siècles à venir du bonheur et de la prospérité qui distinguent de nos jours l’empire britannique. Telle sera la gloire qui nous reviendra de l’établissement de la surabondance de notre population non seulement en Amérique, mais dans toutes les parties du monde. Quel noble sujet d’orgueil pour un Anglais de voir que sa patrie a si bien rempli sa tâche, en travaillant à l’avancement du monde. Que le Canada reste à jamais attaché à l’Angleterre, ou qu’il acquiert son indépendance, non pas, je l’espère, par la violence, mais par un arrangement amical, il est toujours du devoir et de l’intérêt de ce pays d’y répandre des sentimens anglais et de lui donner le bienfait des lois et des institutions anglaises. »

Ce discours était rempli d’adresse. Le ministre dissimulait la question des finances, qui était un terrain dangereux devant une chambre de communes pour laquelle la votation des impôts était un droit sacré, et appuyait principalement sur la gloire pour l’Angleterre de faire du Canada un pays vraiment anglais d’affection comme de nationalité. Tout ce qu’avait fait jusque-là le bureau colonial avait tendu vers ce but. Aussi Huskisson donna-t-il une approbation complète à l’administration canadienne, censura-t-il les mesures de l’assemblée et s’éleva-t-il avec force contre l’agitation extraordinaire qui régnait dans le pays. Les gouverneurs n’avaient agi dans tout ce qu’ils avaient fait que par l’ordre formel de Downing-Street, et la nomination du comte Dalhousie au gouvernement des Indes, était une preuve que sa