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Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome IV, 1852.djvu/21

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HISTOIRE DU CANADA.

le gouvernement et maintenir le peuple dans l’obéissance. Le curé de Québec, M. Plessis, prononçant l’oraison funèbre de M. Briand, évêque, dans la cathédrale, le 27 juin, disait :

« Nos conquérans, regardés d’un œil ombrageux et jaloux, n’inspiraient que de l’horreur et du saisissement. On ne pouvait se persuader que des hommes étrangers à notre sol, à notre langage, à nos lois, à nos usages et à notre culte, fussent jamais capables de rendre au Canada ce qu’il venait de perdre en changeant de maîtres. Nation généreuse, qui nous avez fait voir avec tant d’évidence combien ces préjugés étaient faux ; nation industrieuse, qui avez fait germer les richesses que cette terre renfermait dans son sein ; nation exemplaire, qui dans ce moment de crise enseignez à l’univers attentif, en quoi consiste cette liberté après laquelle tous les hommes soupirent et dont si peu connaissent les justes bornes ; nation compatissante, qui venez de recueillir avec tant d’humanité les sujets les plus fidèles et les plus maltraités de ce royaume auquel nous appartîmes autrefois ; nation bienfaisante, qui donnez chaque jour au Canada de nouvelles preuves de votre libéralité ; — non, non, vous n’êtes pas nos ennemis, ni ceux de nos propriétés que vos lois protègent, ni ceux de notre sainte religion que vous respectez. Pardonnez donc ces premières défiances à un peuple qui n’avait pas encore le bonheur de vous connaître ; et si après avoir appris le bouleversement de l’État et la destruction du vrai culte en France, et après avoir goûté pendant trente-cinq ans les douceurs de votre empire, il se trouve encore parmi nous quelques esprits assez aveugles ou assez mal intentionnés pour entretenir les mêmes ombrages et inspirer au peuple des désirs criminels de retourner à ses anciens maîtres ; n’imputez pas à la totalité ce qui n’est que le vice d’un petit nombre.

« M. Briand avait pour maxime, qu’il n’y a de vrais chrétiens, de catholiques sincères, que les sujets soumis à leur Souverain légitime. Il avait appris de Jésus-Christ, qu’il faut rendre à César ce qui appartient à César ; de St.-Paul, que toute âme doit être soumise aux autorités établies ; que celui qui résiste à la puissance résiste à Dieu même, et que par cette résistance il mérite la damnation ; du chef des apôtres, que le roi ne porte pas le glaive sans raison, qu’il faut l’honorer par obéissance pour