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HISTOIRE DU CANADA.

avait inspiré l’idée au bureau colonial de faire passer l’acte des tenures pour empêcher les lois françaises d’être étendues à ces townships. M. Peck, avocat, se leva dans la chambre et fît passer une adresse au roi pour le prier de faire révoquer cet acte et de rétablir les anciennes lois, déclarant qu’il était contraire aux sentimens des habitans, et qu’on le leur avait imposé de force contre leurs droits, leurs intérêts et leurs désirs, autre preuve de l’influence funeste qui dirigeait le bureau colonial. En même temps le juge de cette localité, M. Fletcher, était accusé d’oppression, d’abus et de perversion de la loi, et la chambre priait lord Aylmer de prendre les mesures nécessaires pour protéger les habitans contre ces injustices. Le juge Kerr fut accusé à son tour. Le public étonné devant tant de scandale, perdait de plus en plus confiance dans les autorités ; et le temps allait arriver où les réformes partielles ne seraient plus suffisantes. Le gouverneur eut beau faire informer la chambre que deux des juges n’avaient point assisté au conseil législatif de la session, et qu’il avait fait signifier au troisième de se retirer, cette nouvelle fit à peine quelque sensation. On se préoccupait déjà fortement de mesures plus radicales. On ne vota encore que des appropriations temporaires pour les dépenses du gouvernement. Ce qui fit dire à lord Aylmer en prorogeant l’assemblée que la mesure de ses remercimens aurait été complète si les circonstances lui avaient permis d’informer l’Angleterre que ses propositions touchant les finances avaient été enfin favorablement accueillies.

L’Angleterre ne perdait pas espérance que cette question finirait pas s’arranger. Lord Howick, sous secrétaire des colonies, fit passer une loi en 1831, malgré le protêt du duc de Wellington, pour amender l’acte constitutionnel de manière à permettre l’abandon aux chambres canadiennes de tout le revenu moyennant une liste civile annuelle de £19,000. Comme on l’a déjà dit, les réformes qui se font trop attendre font naître le besoin de beaucoup d’autres, et on put voir que cela était vrai en Canada, où l’on voulait déjà en faire exécuter plusieurs à peine ébauchées quelques mois auparavant, avant de voter une liste civile. À mesure qu’on avançait l’on apercevait mieux la véritable cause du mal.

Les chambres rouvertes à la fin de 31, l’assemblée reçut copie