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HISTOIRE DU CANADA.

d’une longue dépêche de lord Goderich en réponse à ses adresses de la dernière session. Elle la renvoya aux comités de l’éducation, du commerce, de l’administration de la justice, des officiers exécutifs et judiciaires, et des agens comptables en ce qui les concernait. Le gouverneur s’exprimait alors en toute occasion comme si les difficultés eussent été arrangées. La confiance l’empêchait de voir au-dessous de la superficie des choses, et les moindres réformes lui paraissaient fondamentales. Une dépêche plus importante suivit celle-ci. Elle invitait les chambres à passer une loi pour rendre les juges des cours supérieures indépendans de la couronne et inamovibles durant bonne conduite, à condition que leurs salaires seraient votés permanemment, et les informait qu’aucun juge ne serait à l’avenir nommé dans l’un ou l’autre conseil, excepté le juge en chef, et encore serait-il tenu de s’abstenir de prendre part aux questions politiques. Lord Aylmer demanda en même temps le vote du reste de la liste civile, en lui transmettant copie de l’acte passé à ce sujet par le parlement impérial. La chambre se contenta de résoudre de se former en comité général après un appel nominal, pour prendre en considération la composition des deux conseils, et après de longues discussions lorsque ce comité s’assembla, la question fut ajournée. Le bill des juges passé par l’assemblée et rendu au conseil, le gouverneur pria la chambre de voter le salaire du chef du gouvernement, des secrétaires civil et provincial et des procureur et solliciteur-généraux. Ces salaires avec ceux des juges formaient en y ajoutant quelques pensions et autres petits items, la liste civile de £19,000. Cette demande fut discutée en comité général, qui se leva sans adopter de résolution, ce qui équivalait à un rejet. Jamais la chambre n’avait fait une faute aussi grave, car une partie de sa force consistant dans son influence morale, elle devait accomplir même au-delà de la lettre les engagemens qu’elle avait pris ou qu’elle paraissait avoir voulu prendre. Il est indubitable que le ministère anglais n’avait fait une si grande concession à ses yeux que pour calmer les esprits et s’assurer une liste civile suffisante qui ne serait plus contestée. On devait reconnaître cette libéralité par des marques substantielles, et non la repousser par de nouvelles prétentions qui ne devaient trouver leur solution que dans un avenir plus ou moins éloigné.