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HISTOIRE DU CANADA.

en voulant obtenir la disposition des deniers publics sans pourvoir aux dépenses du gouvernement civil et des juges, et en voulant conserver les terres incultes pour les Canadiens français ; que c’était en 1831 que l’on avait commencé pour la première fois à mettre en question l’élection du conseil, et qu’il était étonnant que la majorité de la chambre se fut laissée entraîner à détruire la constitution ; qu’il ne croyait pas que la majorité des Canadiens fut pour cette mesure, mais qu’il était facile de tromper un peuple chez lequel l’éducation avait fait si peu de progrès ; que le conseil était essentiel à l’existence de la prérogative royale, à l’alliance du Canada avec l’Angleterre et à la sûreté des 150,000 Anglais, qu’il y avait dans le pays ; qu’un conseil électif serait la contre-partie de l’assemblée ; que ce serait rendre les charges électives, troubler la sécurité des Anglais dans leurs personnes et dans leurs biens, arrêter leurs progrès, interrompre l’émigration, briser les liens qui attachaient la colonie à la mère patrie, amener une collision avec le Haut-Canada, inonder le pays de sang, car le Haut-Canada ne permettrait point paisiblement l’interposition d’une république française entre lui et l’Océan ; et que le conseil n’avait point sanctionné la mission de M. Viger à Londres,

La passion qui avait dicté cette adresse avait fait dépasser le but. L’idée qu’il fallait conserver le même pouvoir à la minorité qu’à la majorité parce que l’une, comme anglaise devait être royaliste, et l’autre comme française, républicaine, était mises à nu trop hardiment pour ne pas frapper le bureau colonial dont on brisait ainsi le voile qu’il avait tant de peine à tenir tendu, et pour ne pas exciter sa mauvaise humeur sur une pareille gaucherie. « Sa Majesté, dit le ministre, a reçu avec satisfaction l’expression de loyauté et d’attachement à la constitution que contient cette adresse… mais elle aurait désiré que le conseil se fût abstenu relativement à l’autre branche de la législature, d’un langage dont le ton est moins modéré que ne le comporte sa dignité, et moins propre à conserver ou à rétablir la bonne entente entre les deux corps. Sa Majesté surtout regrette l’introduction d’aucune expression qui ait l’apparence d’attribuer à une classe de ses sujets d’une origine, des vues qui seraient contraires à la fidélité qu’ils lui doivent. Le roi espère que toutes les classes de ses sujets obéissent à la