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HISTOIRE DU CANADA

dans celui de Montréal une lettre de M. Roebuck dans laquelle il l’informait que tant que M. Stanley avait été à la tête du bureau colonial il n’avait conservé aucune espérance de voir les affaires s’arranger, mais que M. Spring Rice paraissait plus traitable et qu’il attendait un meilleur avenir de lui ; qu’il avait abandonné le bill de M. Stanley touchant la liste civile, et qu’on devait lui donner un peu de délai. « Il vaut mieux j’en conviens, disait-il, combattre que de perdre toute chance de se gouverner soi-même ; mais nous devons assurément essayer tous les moyens avant de prendre la résolution d’avoir recours aux armes… La chambre pourrait, comme sous l’administration de sir James Kempt, passer un bill de subsides temporaire sous protêt, se réservant tous ses droits et exposant qu’elle le faisait par esprit de conciliation et pour fournir au nouveau ministre l’occasion de redresser les griefs de son propre mouvement. » Il conseillait aussi de réveiller le peuple, de ne pas reculer d’un pas devant les principes, et déclarait que l’on n’aurait de bon gouvernement que lorsqu’on se gouvernerait soi-même et qu’on se serait défait du conseil législatif.

La suite des événemens fera voir si ces conseils étaient bien sages.

Le 4 août il y eut encore quelques débats dans les communes sur nos affaires à l’occasion d’une requête présentée par M. Hume à l’appui des 92 résolutions. M. Rice blâma sévèrement M. Hume d’une lettre publiée dans les journaux, dans laquelle il appelait les Canadiens à résister à la funeste domination du gouvernement anglais. Il dit qu’il ne convenait point à un homme parlant sans danger dans l’enceinte des communes, de lancer des sentimens qui pourraient faire tant de mal à l’Angleterre et au Canada, et que si l’on avait recours à la résistance il espérait que les lois atteindraient tous ceux qui y seraient concernés.

Le parlement canadien fut dissous au commencement d’octobre, et les élections qui eurent lieu affaiblirent encore le parti du gouvernement. Il y eut beaucoup de troubles à Montréal, où l’élection fut discontinuée pour cause de violence, et en d’autres localités. Un Canadien fut tué d’un coup de fusil à Sorel de propos délibéré. Les Anglais, joints à quelques Canadiens avec M. Neilson à leur tête, formaient alors à Québec, à Montréal, aux Trois-Rivières des associations constitutionnelles par opposition